1er
avril
Rive droite
Sur cette rive, débute la véritable guerre d'usure qui va
prédominer jusqu'en novembre.
Français à Allemand vont poursuivre leurs combats acharnés
et féroces sur des espaces très restreints, avançant
et reculant sans cesse, saignant les régiments pour des gains de
terrains de quelques mètres à peine. Certaines grandes attaques
vont se démarquer comme la grande offensive française pour
tenter de reprendre le fort de Douaumont en mai, le siège puis
la prise du fort de Vaux par les Allemands en juin ou l'ultime effort
allemand vers la ville de Verdun en juillet. Mais dans les autres secteurs
du fronts, ça ne va être qu'une succession d'assauts et de
contre-assauts.
Cette stagnation inévitable à laquelle les Allemands doivent
se résigner, eux qui souhaitaient une percé éclair,
et visible par l'apparition de leur côté de gros lanceurs
de mines, symbole de la guerre d'usure...
A 4 h 30, le 31e B.C.P. lance
une attaque sur les pentes de Vaux. La manuvre réussit à
droite mais à gauche, les compagnies sont clouées au sol
par les grenades allemandes. Devant la force du tir ennemi, elles doivent
même abandonner leur positions.
Elles sont réoccupées dans la matinée avec l'aide
du 158e R.I.
A 16 h, les Allemands lancent une violente
attaque près de Vaux mais ils sont repoussés. La ligne française
est sauve mais 340 hommes et 18 officiers du 31e B.C.P. ont été
soit blessés soit tués.
Témoignage du commandant P.
: "
Pour qui se plonge dans l'étude de la bataille de Verdun, c'est
un émerveillement perpétuel que ce constant et rapide équilibre
de nos moyens et de nos besoins. Nous perdons beaucoup d'hommes parce
que le matériel nous fait défaut, mais c'est en vain que
l'adversaire s'efforce de nous réduire et par l'avalanche de ses
obus et par ses attaques à la perfection mathématique :
plus la poussée est puissante, et plus la résistance devient
flexible et tenace. "
Rive gauche
Comme nous l'avons vu plus avant,
les Allemands s'activent depuis la 16 mars sur la rive gauche, à
conquérir non seulement le Mort-Homme mais également la
côte 304 qui offre une vue stratégique sur ce dernier.
En effet, tant que la côte 304 est aux mains des Français,
les attaques sur le Mort-Homme sont trop dangereuses.
Ils ont tout abord attaqués le bois de Malancourt-Avocourt le 20
mars gagnant un important terrain. Puis, à partir du 21, ont lancé
successivement de méthodiques assauts par le nord, le nord-ouest
et l'ouest, visant à grignoter petit à petit les positions
qui les séparent de la côte 304.
Ces assauts vont les occuper jusqu'au 8 avril...
Le 1er avril, le bombardement allemand
est ininterrompu sur toutes les positions françaises.
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2 avril
- Pression allemande sur les 2 rives
Rive droite
A 4 h 30, le 1er bataillon du 149e R.I. part à l'attaque du village
de Vaux. Après avoir reconquis quelques ruines de maisons, les
hommes sont contraints à s'arrêter, soumis à un formidable
bombardement et aux tirs d'une 10e de mitrailleuses.
Bientôt, une forte contre-attaque allemande se rue sur les Français
et un furieux corps à corps s'engage. Les survivants français
doivent se retrancher vers leur position initiale.
A la gauche du 149e R.I., le 31e B.C.P. parvient à s'emparer d'une
tranchée allemande. Mais il est ensuite soumis à un bombardement
infernal qui le contraint à se replier
Vers 15 h, de la fontaine de Morchée
au ravin de l'étang de Vaux, violente attaque allemande.
Sur le front du 360e R.I., face au bois de Morchée et devant la
ferme de Thiaumont, l'attaque échoue mais les pertes françaises
sont importantes.
Devant le 269e R.I., au sud du fort de Douaumont, un 1er assaut échoue
mais une seconde tentative parvient à pénétrer dans
la tranchée de Morchée et dans une partie du bois de la
Caillette. Par cette manuvre, l'ennemi est parvenu à ouvrir
une profonde brèche dans les lignes françaises.
Pétain donne l'ordre à la 5e D.I. (36e, 74e, 129e et 274e
R.I.) arrivée de la Somme de 1er, de se mettre en marche en urgence
vers Verdun. Cette division est commandé par le général
Mangin qui jouera plus tard un rôle important dans l'histoire de
la bataille de Verdun.
Pétain réitère de plus sa demande de nouvelle troupe.
Joffre lui répond en ses termes qui ne laissent aucune équivoque
: "
Vous connaissez la situation générale de l'ennemi et celle
des forces françaises. Vous devez en conséquence tout faire
pour que je ne sois pas obligé, dés maintenant, de faire
appel au dernier corps frais que j'ai disponible "
Rive gauche
Ce n'est que le 2 avril, en fin d'après-midi, que les Allemands
se rendent compte que les Français ont abandonné le bois
Carré (le 30 mars). Ils occupent aussitôt les anciennes tranchées
françaises et les fortifient.
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- milieu - bas
3 avril
- Pression allemande sur les 2 rives
Rive droite
C'est le 74e R.I. qui reçoit la dure mission de résorber
la brèche ouverte la veille.
Après une marche de 18 h, effectuée à l'arrivée
sous le bombardement, il part à l'assaut à 4 h 30. Sa
progression est lente mais après un violent et long combat rapproché,
il rejette en partie les Allemands vers l'arrière et referme la
brèche (seule la tranchée Morchée et le boyau Vigoureux
restent aux mains de l'ennemi).
Les pertes ont été
nombreuses et les hommes encore valide sont à bout de force. Ils
se barricadent sur place, face à l'ennemi.
Toute la journée, sur le reste du front droit, le bombardement
allemand est très violent.
Rive gauche
Dans la nuit, une nouvelle tentative ennemie sur le bois d'Avocourt est
repoussée.
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4 avril
Rive droite
Dès l'aube, sur les pentes du fort de Douaumont et le bois
de Morchée, tenues par le 129e R.I., un violent bombardement allemand
par obus de 150 et 210 nivelle chaque m² de terrain. Les hommes se
blotissent au font de leurs tranchées. L'attaque qui suit ce bombardement
parvient à être repoussée à la grenade.
A 11 h 30, au nord-ouest de l'ouvrage de
Thiaumont, l'ennemi s'infiltre sur la droite mais il est repoussé
par des éléments du 1er bataillon du 118e R.I.
Au cours de l'après-midi, de nombreux
obus français tombent sur leurs propres lignes.
Témoignage de Frédéric
BAYON, soldat au 126e R.I. : "
Ce jour néfaste d'avril, ce fut notre artillerie qui se chargea
de nous "sonner" et avec du 155 encore, cela pendant plus d'une
heure : tantôt quelques mètres en arrière de notre
tranchée, tantôt en avant la terre nous retombant dessus
en pluie, les éclats froufroutant et se fichant tout brûlants
dans nos parapets, frappant même les couvertures roulées
sur mon sac que j'avais posé sur ma tête pour laisser passer
l'averse ; et, plus ça tombait près, plus j'entendais rire
aux éclats les Boches dont les tranchées n'étaient
pas à 20 mètres des nôtres.
Sans discontinuer, les fusées rouges montaient, demandant l'allongement
du tir, cependant que notre colonel s'arrachait les cheveux dans son P.C.
en criant : "Les salauds ! Ils tirent sur mon régiment
""
A 19 h, les Allemands tentent de reprendre
au 74e R.I. (1er bataillon) le terrain qu'ils ont perdu la veille. Ils
chargent la tranchée des Chasseur mais ne parviennent pas à
passer le barrage français.
A 19 h 30, le 1er bataillon du 74e passe à l'attaque à son
tour mais il est également renvoyé sur ses positions.
Rive gauche
Les obus allemands s'acharnent sur les positions françaises et
plus particulièrement sur le village de Haucourt. A 14 h, l'ennemi
attaque le village mais ne peut y entrer.
Pendant la nuit, l'artillerie française
tente de répondre de son mieux aux obus allemands.
Batteries de 75 en plaine action
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5 avril - Perte du village
de Palavas (rive gauche)
Rive droite
A matin, le 1er bataillon du 74e R.I. repousse une nouvelle attaque
mais subit de lourdes pertes.
Vers 16 h, il part à l'assaut et
parvient cette fois-ci à prendre une partie du boyau Hans. Il réalise
ainsi une importante progression.
Rive gauche
Le bombardement allemand est très violent sur les villages de Haucourt,
Vassincourt et Palavas. Les forces françaises qui tiennent ses
positions sont littéralement broyées sous les obus et succombent
petit à petit.
Témoignage de Lucien JOURDAN, sergent
au 48e R.I. : "
Je mets la tête hors du boyau pour essayer de reconnaître
les morts qui sont étendus là. Seul, car tout le monde est
terré, je suis épouvanté devant ce gigantesque charnier
et suffoqué par l'odeur qui s'en dégage.
A perte de vue, la terre est recouverte de cadavres : tout est changé
: les vivants sont sous terre et les morts sur la terre "
A 16 h, malgré un pilonnage français
assez soutenu, l'ennemi se lance à l'attaque sur Palavas. A
18 h, le village de Palavas est perdu. Un seul survivant français
parviendra à rejoindre les 2e lignes.
A la nuit, 2 bataillons du 26e et un du
153e R.I. reçoivent l'ordre de contre-attaquer le village perdu.
Mais il est trop tard pour espérer une reconquête du village.
Ils se mettent néanmoins en route.
Sur Béthincourt, un bataillon du
37e R.I. repousse une attaque allemande.
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6 avril
Rive droite
De 7 h à 14 h, sur les pentes du fort de Douaumont et le
bois Morchée, tenues par le 129e R.I., même bombardement
que le 4 avril.
Après 14 h, une attaque allemande est repoussée par les
canons et les fusils français.
Le 3e bataillon du 129e R.I. reçoit l'ordre de poursuivre l'effort
entrepris le 4 avril, et de reprendre la tranchée Morchée
et le boyau Vigoureux qui ont été perdus le 2 avril. D'un
seul élan, les 9e et 10e compagnies s'élancent et reprennent
le terrain.
Plus tard, 2 contre-attaques
allemandes sont repoussées mais les pertes françaises sont
importantes.
Rive gauche
Vers 4 h 40, les 3 bataillons (26e R.I et 153e R.I.) partis la veille
au soir, s'avancent sous le barrage allemand et viennent s'enterrer devant
le village de Palavas. Le bombardement est si important et la situation
si précaire qu'une tentative d'attaque est insensée.
Cette action, réalisée trop tard, ne permet donc pas la
reconquête du village, mais stop néanmoins l'ennemi et l'empêche
de continuer sa progression au delà du village.
Les 2e et 3e bataillons du 59e R.I. s'emparent
de la lisière sud du bois d'Avocourt.
La 4e compagnie du 83e R.I. s'empare de la corne ouest du bois d'Avocourt
avant que les Allemands aient pu tirer un coup de fusil. Elle s'organise
sur la position qu'elle vient de conquérir. Plus tard, elle repousse
plusieurs retours offensifs.
Du côté français, en
dépit des combats qui continuent, la journée est passée
à tenter de rétablir la liaison entre les différents
éléments isolés sur le champ de bataille, et les
nombreux tronçons et boyaux.
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7 avril
Rive droite
Le 129e R.I. est toujours en ligne sur les pentes du fort de Douaumont
et le bois de Morchée. Il tient le secteur depuis 4 jours et ses
forces commencent à s'amenuiser.
Des éléments du 3e bataillon ont repris des positions ennemis,
la tranchée Morchée et le boyau Vigoureux. Et les hommes
vivent à présent au milieu des cadavres allemands et français
durcis par le froid. L'eau manque cruellement et le ravitaillement ne
passe plus. La fatigue, les privations, la peur, la tension nerveuse commencent
à rendre les corps douloureux. Les cartouchières et les
caisses de grenades se vident peu à peu.
Dans la matinée, ces hommes repoussent
4 nouvelles attaques.. A la 5e, ils sont débordés et contraint
malgré eux à évacuer la tranchée Morchée.
L'après-midi, l'habituel bombardement
allemand reprend.
Rive gauche
Au matin, 2 compagnies du 37e R.I. dans le secteur de Palavas, tentent
de reprendre un élément de tranchée devant eux. C'est
un échec.
Jusqu'à 17 h, violent bombardement
allemand par obus lacrymogènes et de gros calibres au sud d'Haucourt,
positions tenues par le 153e R.I.
A 17 h 30, l'ennemi s'élance et
s'empare des villages de Peyrou et de Vassincourt. Le 153e R.I. doit se
replier sur le bois Camard.
Aussitôt, plusieurs bataillons du 146e R.I. sont alertés
et montent en ligne à Montzéville. Ils s'avancent entre
le bois Camard et le bois Equerre.
Le 160e R.I. se positionne au village de Vigneville.
Le 156e R.I. qui est en réserve, se prépare.
De son côté, le 26e R.I. devant Palavas depuis la veille,
résiste énergiquement.
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8 avril - Perte du village
de Béthincourt (rive gauche)
Rive droite
A 3 h, le 129e R.I. subit une nouvelle attaque à la grenade.
Il doit céder un poste ainsi qu'une barricade. Il contre-attaque
à la baïonnette et rétablit la situation.
Toute la journée, le bombardement
de très gros calibres s'abat sur le fort de Vaux et ses alentours.
Au soir, les 36e et 129e R.I. lancent une
attaque sur les tranchées Couderc et Morchée. Les hommes
parviennent à enlever la 1ère ligne et à progresser
dans la seconde.
Rive gauche
Deux bataillons du 160e R.I. et 1 du 146e reçoivent l'ordre de
reprendre les ouvrages perdus la veille (ouvrages de Vassincourt, Peyrou
et Palavas). Ils doivent s'élancer à 4 h de la pointe nord
du bois Camard et de la lisière sud du bois Equerre. Cependant,
suite aux pertes subies durant le bombardement allemand, l'attaque ne
peut avoir lieu.
Au soir, suite à l'avance qu'ont
réalisée les Allemands les jours précédents,
les positions françaises au sud du ruisseau des Forges sont devenue
très précaires. Ainsi, le village de Béthincourt
est encerclé aux ¾. Le général Pétain
donne l'ordre d'évacuer le village pendant la nuit.
Les nouvelles positions en retrait sont renforcées par la 11e D.I.
(26e, 37e, 69e et 79e R.I.) et la 39e (146e, 153e, 156e et 160e R.I.).
"
Tous les combats du 4 au 8 avril ont coûté de grosses pertes
à la 21e brigade ; 20 officiers et 800 hommes environ au 26e R.I.,
plus de 30 officiers et de 1 300 hommes au 69e. L'artillerie de campagne
a tiré 120 000 coups pendant la nuit du 5 au 6 et la journée
du 6. "
Le champ de bataille de Verdun tel qu'il sera
à la fin de l'année
Front au 8 avril 1916
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9 avril - Perte de la
cote 295 du Mort-Homme (rive gauche)
Pétain et Poincaré:
En plus des réticences que Joffre
témoigne à lui envoyer les troupes fraîches qu'il
demande, Pétain doit faire face à l'incompréhension
des politiques de l'arrière.
Le président de la République Mr Poincaré, loin de
la réalité de Verdun, ne comprend pas pourquoi les surfaces
de terrain reprises à l'ennemi sont si minuscules. Ou souvent,
un seul nom de tranchée reconquise en mentionné dans les
communiqués.
Lorsqu'il regarde la carte du front, le président voit le fort
de Douaumont à 400 m des positions françaises les plus avancées.
Et il lui semble qu'une forte offensive vite mise sur pied et rapidement
menée peut facilement reconquérir ces 400 m et reprendre
le fort de Douaumont (succès qui aurait un retentissement immense).
Cependant, lorsqu'il s'entretient avec Pétain, ce dernier émet
de grosses réserves pensant à l'inverse que ce n'est pas
le bon moment et qu'une contre-offensive doit être préparée
très méticuleusement.
Témoignage du général Pétain :
" Le Grand Quartier Général ne voyait pas l'ensemble
de nos difficultés. Il lui semblait que la lutte prenait une allure
traînante et que nos réactions tardaient. Comme j'avais rendu
compte, le 8 avril, d'un redressement de nos lignes au sud de Béthincourt,
point d'appui formant désormais un saillant inutile en avant de
notre " position de résistance ", je recevais aussitôt
l'ordre de rétablir le statu quo ante par " une vigoureuse
et puissante offensive à exécuter dans les plus bref délai
"
Je répliquai par un télégramme : " La situation
sur la rive gauche n'est pas mauvaise. J'espère arriver à
arrêter complètement l'ennemi. Mais le choix de la position
a une très grande importance. Je demande donc qu'on me fasse confiance
et qu'on ne se laisse pas impressionner par quelques reculs partiels prémédités."
Cette prudence dont fait preuve Pétain,
qui connaît les dures conditions de combat, la ténacité
de l'adversaire et la situation actuelle, n'est pas comprise par les politiciens
de Paris, et interprétée comme une certaine passivité.
Cette situation commence peu à peu à agacer au ministère,
et cela conduire finalement à son remplacement futur...
Cependant, pour le moment, Pétain
fait tout ce qu'il peut avec les moyens dont il dispose, et il n'est pas
du tout " passif ". Il s'inquiète notamment sur la nécessité
d'augmenter le nombre d'avion qui est très inférieur à
celui des Allemands.
Depuis peu, l'aviation commence à prendre de l'importance dans
la guerre, avion d'observation, de réglage d'artillerie, de photographie,
de destruction. Cependant, cette arme moderne n'en ai qu'à son
balbutiement et a de gros progrès à faire. Les avions monoplace
ouverts aux vents, sont légers et fragile, mais les modèles
allemands sont les plus puissants et les plus modernes (biplan bimoteur
Fokker). Le tir de mitrailleuse à travers l'hélice vient
juste d'être inventé.
Témoignage du lieutenant Jacques
MORTANE de l'escadrille M.F. 19 : "
Il est une réforme que réclament tous nos chasseurs de l'air.
Alors qu'ils ne disposent que de bandes de 47 cartouches pour leurs mitrailleuses,
les Allemands ont le loisir de tirer 1000 balles sans armer à nouveau.
Oui, 1000 contre 47, soit 953 chances de plus de triompher dans les combats
aériens. C'est un handicap que la maestria des nôtres ne
peut pas toujours combler.
Pour bien s'en rendre compte, il faut voir en quoi consistent les manuvres
de la mitrailleuse à bord d'un monoplace ; une fois les 47 cartouches
tirées, le pilote s'aide péniblement des genoux pour tenir
son manche à balai en tâchant de maintenir l'appareil en
ligne de vol. Il saisit son arme d'une main, l'anneau qui la décroche
de l'autre, la rabat, retire le disque avec les deux mains, le jette dans
le fond du fuselage, prend une autre bande, la place sur la mitrailleuse,
arme et raccroche.
Lorsque tout va à souhait, c'est là un travail qui nécessite
au moins trente secondes pendant lesquelles l'avion est à la merci
de l'ennemi qui peut gaspiller ses munitions sans crainte : dame, 1000
balles ! Ces trente secondes sont un minimum rarement obtenu et pourtant
elles constituent déjà un temps qui semble immémorial.
Que de choses, que de drames peuvent se dérouler en une demi minute,
lorsque vous êtes en face d'un adversaire attaché à
votre perte !
Et combien d'inconvénients proviennent de cette inégalité
dans l'armement ! Alors que l'Allemand ouvre le feu à 200 ou 300
mètres, nos pilotes sont obligés d'attendre d'être
à moins de 30 mètres. Ils approchent le plus qu'ils peuvent
pour perdre le moins de balles possible. Or, à 3000 mètres
dans l'espace, ce sont deux volontés qui se trouvent en présence
; c'est le duel où il faut une victime. L'avantage n'est-il pas
à celui qui a mille cartouches à brûler ? "
Les pilotes sont en général
assez jeunes et intrépides, et bien qu'ils ne connaissent pas la
vie des tranchées, ils partagent à leur manière la
vie des Poilus.
Témoignage de E. LOUIS, soldat au 25e B.C.P : "
Lorsqu'il ne trouvait pas de gibier, le lieutenant Navarre ne voulait
pas que son vol fût inutile. Au retour, il allait distraire les
poilus qui croupissaient dans les tranchées. Il avait pour eux
un véritable culte. Si on lui demandait pourquoi il ne tenait pas
le compte de ses victoires, il se contentait de répondre : "Est-ce
que les gars d'en bas le font ? Non ! alors serais-je plus qu'eux ?"
En rentrant de croisière, il aimait à leur donner des meetings.
Il y mettait tout son âme, recourant à la gamme complète
de sa virtuosité pour montrer à ces malheureux qu'il pensait
à eux et qu'il cherchait à les distraire comme il le pouvait.
"
Depuis le début de la bataille,
l'ennemi a rassemblé ses meilleurs appareils et ses meilleurs pilotes.
Et depuis le 21 février, ce sont eux les maîtres du ciel
de Verdun.
Témoignage de E. LOUIS, soldat au 25e B.C.P : "
Un jour, d'un trou d'obus, je vois un de nos avions aux prises avec 5
avions ennemis. Se rendant compte qu'il ne peut s'échapper, l'avions
français fonce soudain sur un de ses agresseurs et les deux avions
s'abattent en tournoyant entre les deux lignes. Se voyant perdu, notre
aviateur n'avait pas voulu mourir seul. "
Pétain entend inverser la donne
et convoque le commandant de la 1ere escadrille de chasse de la 5e armée,
le commandant de Tricornot de Rose. Il lui confie le commandement des
8 escadrilles réunies à Bar-le-Duc, avec la mission impérative
d'égaler et de dépasser le niveau des Allemands.
En d'autres termes, Tricornot de Rose a les pleins pouvoir et une consigne
simple : "
Nettoyer le ciel de Verdun. "
L'aviation
(Accessible également dans la partie Thèmes)
A partir du 9 avril, les Allemands croient
que le moment est venu de produire à nouveau un gros effort, sur
un front important.
Depuis le 1er avril, sur la rive droite, ils ont réalisé
des assauts répétés sur les secteurs de Thiaumont,
Vaux, Douaumont, bois de Morchée, mais ne sont pas parvenu à
percé.
Sur la rive gauche, ils se sont heurté aux Français au bois
d'Avocourt, au village de Haucourt et de Palavas en parvenue tout de même
à conquérir ce dernier. Lais les gains sont maigres.
Ils redouble donc de force dans leurs actions
et dans leurs pilonnages par une grande offensive du 9 au 12 avril. Le
bombardement sera inouïs et les lance-flammes seront énormément
employés.
Rive droite
Toute la journée, les
secteurs du bois franco-boche, du bois Bride ainsi que du ravin du Monument,
tenus par le 78e R.I., sont sauvagement bombardés.
Les tranchées disparaissent et les abris s'effondrent. Un grand
nombre d'hommes sont commotionnés, ils sont sourds, hébétés,
suffoqués. Leur visage et leur main ruissellent de sang qui coule
par 1000 blessures (projection de terre, de pierre et de sable) qui se
mêle à la poussière et forme des caillots affreux.
Le soir, l'ennemi se lance à l'attaque
et pénètre dans la 1ère ligne françaises.
Les pertes du 78e R.I. sont très lourdes (850 hommes sont mis hors
de combat). Les survivants reculent mais leur résistance est acharnée
et l'ennemi doit stopper.
De leur côté, la 11e compagnie
du 129e sur les pentes du fort de Douaumont et le bois de Morchée,
lance une attaque et parvient à progresser de 150 m. Le soir, une
nouvelle attaque permet une nouvelle progression de 70 m. A
sa gauche, la 4e compagnie attaque en même temps et gagne 80 m de
terrain.
Rive gauche
Toute la matinée, le bombardement allemand est très violent
sur la ligne allant du village d'Avocourt à la Meuse. La cote 304
et le Mort-Homme semblent être les secteurs les plus touchés.
A 12 h 30, 5 bataillons allemands sortent
de leurs tranchées et prennent d'assaut les positions adverses.
L'attaque couvre un espace allant du bois Camard au delà du Mort-Homme,
et le village de Cumières.
L'ennemi s'empare de l'ouvrage de Lorraine, de la tranchée à
l'est du ravin de la Hayette (162e R.I.), de la cote 295 (151e R.I.),
des hauteurs du ravin des Caurettes (8e B.C.P.) et parvient à ouvrir
une brèche de 500 m dans le dispositif français. Cependant,
il ne peut pénétrer dans le village de Cumières défendu
par le 94e R.I.
A l'ouest d'Avocourt, l'ennemi pénétre
temporairement dans l'ouvrage de Rieux (163e R.I.) mais après plusieurs
heures de combats, il doit l'abandonner. Durant ce combat, le 163e a perdu
18 officiers et 390 hommes.
Bien que l'ennemi ait progressé
sur l'ensemble du front gauche, ses gains n'ont été que
partiels. Le seul point important conquis est la cote 295 du Mort-Homme
qui constitue un observatoire stratégique.
Si l'on regarde le nombre des forces qui sont parties à l'assaut,
il semble que l'état major allemand escomptait une progression
beaucoup plus importante.
Durant la nuit, de nombreux bataillons
français viennent renforcer les nouvelles lignes.
Front au 9 avril 1916
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10 avril
- Pression allemande sur les 2 rives
Rive droite
A 4 h, le 78e R.I. lance une contre-attaque devant le village de Bras.
Les positions au bois Bride et au ravin du Monument, perdues la veille,
sont reconquises. Seules les tranchées du bois Franco-Boche restent
aux mains de l'ennemi.
A 15 h, après le bombardement allemand
très violent qui dure depuis l'aube, l'ennemi attaque au saillant
de Douaumont, toujours tenu par le 129e R.I. Les nombreux lance-flammes
obligent les Français à se replier et à abandonner
40 m de tranchée.
A 21 h 30, une contre-attaque du 129e rétablit la situation.
Rive gauche
Les attaques allemandes de la veille se poursuivent. Entre Haucourt et
le ravin de la Hayette, les ouvrages Romemont et Alsace (79e R.I.) sont
perdus.
A 21 h, à l'est du Mort-Homme, le
8e B.C.P. est attaqué au lance-flamme et doit se replier jusqu'au
nord du bois des Caurettes. A sa droite, le 16e B.C.P. recule également
et occupe la corne nord-ouest du bois. La situation est tragique pour
ces 2 bataillons
Dans la nuit, des contre-attaques sont
envisagées pour porter secours au 8e et 16e B.C.P. Cependant, le
251e R.I. qui a la mission de se porter au nord du bois des Caurettes
ne peut arriver à temps.
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11 avril -
Pression allemande sur les 2 rives
Rive droite
Le jour se lève sous un violent bombardement de l'artillerie allemande
de la Meuse au fort de Vaux.
Vers 8 h, le 78e R.I. contre-attaque à
nouveau sur le bois Franco-Boche et parvient à réoccuper
les tranchées à la lisière du bois.
Le terrible bombardement allemand se poursuit
une bonne partie de l'après-midi.
A 16 h, l'ennemi part à l'assaut
du ravin de la Caillette tenu par le 36e R.I. Les hommes du 36e doivent
tout d'abord abandonner leur position mais reviennent à la charge
avec l'aide des mitrailleuses du 74e R.I. Les positions évacuées
sont regagnées.
A l'autre bout du ravin de la Caillette, le 274e R.I. qui occupe la tranchée
Hans doit également abandonner une partie de la tranchée.
Une contre-attaque permet de reprendre la totalité de la tranchée
et de faire de nombreux prisonniers.
Le front du 24e R.I est attaqué
à maintes reprises durant la journée mais il reste inébranlable.
Idem sur celui du 36e et du 129e R.I. où la tranchée Morchée
est de nouveau perdue.
En fin d'après-midi, l'infanterie
allemande stoppe ses manuvres offensives et l'artillerie recommence
son pilonnage quotidien sur les lignes françaises.
Rive gauche
La veille au soir, les 5e et 6e bataillons du 227e R.I. ont reçu
l'ordre de reprendre le bois Carré, à proximité du
village d'Avocourt. A 8 h 30, les
2 bataillons sous les ordres du commandant Picard s'élancent. Les
hommes ont une distance de 800 m à parcourir avant d'atteindre
le bois, et un terrible tir de barrage barre le passage. Les 100 derniers
mètres du trajet sont coupés d'un réseau de fils
de fer et balayé au ras du sol par plusieurs mitrailleuses allemandes.
Quand l'assaut est donné, les 150
hommes s'élancent entre les éclatements. Ceux qui parviennent
à passer sont littéralement fauchés, mais ils poursuivent
leur course.
Electrisés par la charge héroïque des hommes qu'ils
ont face à eux et qui se rapprochent rapidement, les Allemands
quittent peu à peu leur poste de combat et s'enfuient vers l'arrière.
Finalement, une poignée de Poilus prennent d'assaut la tranchée
allemande et s'y maintiennent.
Une lutte à la grenade s'engage alors toute l'après-midi
entre la tranchée reconquise et quelques poches de résistance
allemandes. Mais la situation ne change pas.
Le soir, le bombardement allemand reprend, ajoutant de nouvelles victimes
dans le camp français déjà très lourdement
éprouvé.
Témoignage du commandant Picard : "
Expliquer comment la moitié du bataillon arrive tête baissée
sur la tranchée allemande qui borde au sud le bois Carré,
saute dedans, en ressort en hurlant pour s'arrêter enfin à
quelques mètres de la deuxième tranchée sous le feu
crépitant des mitrailleuses, cela est au-dessus de les forces.
Mais si tout l'objectif n'était pas atteint, du moins nous étions
chez l'ennemi, dont les cadavres et les blessés remplissaient tranchées
et boyaux
Tout l'après-midi, luttes à la grenade.
Avec la nuit, tombe une pluie mêlée de neige. Le bombardement
s'accroît. Notre dépôt de grenades prend feu, puis
c'est notre dépôt de fusées qui s'enflamme. Sous ce
feu d'artifice, les appels et les gémissements de nos blessés
nous semblent plus tragiques encore.
Oh ! la guerre, la guerre au hideux visage !
on ne la voit que là,
sur la ligne de feu, quand on piétine dans le sang. Le P.C. d'un
colonel, c'est déjà l'arrière. "
Témoignage d'un inconnu : "
" Les compagnie du 5e bataillon du 227e, parties à l'effectif
de 150, ne comptaient plus, en moyenne, que 45 hommes à la relève
; les deux tiers des officiers étaient tués.
Relevés deux jours après, les débris du bataillon
allaient au repos à Récicourt.
Ce qu'avaient fait le commandant Picard et ses hommes était connu
de tout le secteur. Sur leur passage, tous les poilus faisaient la haie.
Jamais je n'ai entendu acclamations pareilles "
A l'est du Mort-Homme, la lutte désespérée
du 8e B.C.P. se poursuit toute la journée. Le soir, le bataillon
"n'existe plus "
haut
- milieu - bas
12 avril - Lutte des
pentes sud de Douaumont (rive droite)
Rive droite
Violents combats entrecoupés de vifs bombardements dans
la région Vaux-Douaumont.
A 18 h, 2 attaques allemandes sont repoussées
sur l'antenne de la tranchée de Douaumont.
A 22 h 30, une contre-attaque du 36e et du 129e R.I. sur le tranchée
Morchée se solde par un échec.
Rive gauche
A 4 h, le 16e B.C.P. très éprouvé par ses combats
des 2 jours précédents sur le bois des Caurettes, parvient
à repousser une nouvelle attaque.
La grande offensive allemande débutée
le 9 n'a donc pas donnée de résultat. Le haut commandement
allemand renonce donc momentanément aux grandes attaques générales
sur de grands fronts. Il entend maintenir un bombardement aussi intense
que celui déjà en place, et se livrer à des attaques
locales, fréquentes, violentes, étroites et profondes. De
nombreux renfort à l'arrière étant prêt à
exploiter le moindre succès. Le but est d'user petit à petit
l'ennemi.
A l'inverse, du coté français,
bien que le général Pétain pense que le bon moment
pour l'offensive ne soit pas encore venu, il commence à songer
à passer à l'action. Il demande au général
Nivelle, qui commande alors le 3e corps d'armée, et qui jouera
plus tard un rôle important dans l'histoire de la bataille de Verdun,
d'étudier une attaque de grande envergure visant à reprendre
le fort de Douaumont.
Témoignage du général Pétain : "
Au début du printemps, les Allemands conservaient sur nous une
grande supériorité de moyens. Aussi ma conviction restait-elle
entière que nous n'étions pas mûrs pour les grandes
ripostes.
Conformément à mes instructions, le général
Nivelle étudiait et préparait méthodiquement la reprise
du fort de Douaumont sans rien brusquer et en se tenant prêt à
exploiter les circonstances propices
Les Français ne peuvent s'en tenir à une défensive
passive et se résigner à reculer un peu chaque jour, car
chaque mètre en profondeur a sa valeur ; on n'a pas derrière
soi une zone profonde où l'on puisse reculer indéfiniment
; il faut absolument empêcher les Allemands d'atteindre la crête
Souville-Saint-Michel (à 2 km au nord-est de Verdun), d'où
ils pourront pointer directement leurs pièces sur Verdun. D'autre
part, un recul continu affecterait péniblement le moral des défenseurs.
Il est d'ailleurs prouvé qu'on perd plus de monde dans la défense
que dans l'attaque bien préparée et bien appuyée.
"
Pour cela, Pétain réinsère
une fois de plus à Joffre sa demande de nouvelles troupes : "
L'envoi de nouvelles unités est nécessaire. Je demande avec
insistance que ces nouvelles unités soient choisies parmi celles
qui n'ont pas encore paru sur le front de Verdun. La violence et la continuité
du bombardement, la difficulté des liaisons et des ravitaillements,
l'importance des pertes subit suffiraient à expliquer l'usure très
accélérée des troupes qui sont appelées à
un second séjour sur un front aussi périlleux.
Il est à remarquer que les troupes qui reviennent au front pour
la seconde fois ont été reconstituées à l'aide
de la classe 1916 ; ces recrues n'ont jamais vu le feu et l'on constate
qu'elles se laissent impressionner par le bombardement auxquelles elles
sont soumises, plus que les contingents anciens. "
"
Mon coeur se serrait, quand je voyait aller au feu de Verdun nos jeunes
gens de vingt ans, songeant qu'avec la légèreté de
leur âge ils passeraient trop vite de l'enthousiasme du premier
engagement à la lassitude provoquée par les souffrances,
peut-être même au découragement devant l'énormité
de la tâche à accomplir.
Du
perron de la mairie de Souilly, mon poste de commandement si bien placé
au carrefour des chemins conduisant vers le front, je leur réservais
ma plus affectueuse attention quand ils montaient en ligne avec leurs
unités : cahotés dans les inconfortables camions ou fléchissant
sous le poids de leur appareil de combat quand ils martchaient à
pieds, ils s'existaient à paraître indifférents par
des chants ou des galéjades et j'aimais le regard confiant qu'ils
m'adressaient en guise de salut.
Mais quel découragement quand ils revenaient, soit individuellement
comme éclopés ou blessés, soit dans les rangs de
leurs compagnies appauvries par les pertes ! Leur regard insaisissable
semblait figé dans une vision d'épouvante : leur démarche
et leurs attitudes trahissaient l'accablement le plus complet ; ils fléchissaient
sous le poids de souvenirs horrifiants ; ils répondaient à
peine quand je les interrogeais et, dans leur sens troublés, la
voix goguenarde des vieux poilus n'éveillait aucun écho."
Ce dernière témoignage
du général Pétain permet de mieux cerner l'homme.
Un général de guerre se doit par devoir, de ne pas songer
ni imaginer les souffrances subit par les combattants. Il doit conserver
une imagination abstraite afin de mener à bien et dans les meilleurs
conditions son rôle de commandement. Sans pour autant être
un bourreaux sanguinaire, un général ayant une telle bataille
en charge, à la mission inexorable d'envoyer des hommes au combat,
et de leur demander l'impossible. Ses considérations "sentimentales"
sont généralement réservées aux poètes
ou aux écrivains.
La guerre de 14-18 a souvent le cliché
de généraux envoyant à la morts des milliers d'hommes
pour la reconquête de positions minimes et désuètes,
et cela, pour servir leur gloire personnelle. Ca a été en
effet une réalité.
Cependant, le général
Pétain n'était pas de ceux là. Il avait réellement
une grande considération pour ses hommes, et du début à
la fin de son commandement, tout en sachant les événements
incroyables et les difficultés énormes qu'il a dû
surmonter, il a toujours essayé dans la mesure du possible, de
ménager les combattants de Verdun.
Témoignage de Franck ROY, soldat
au 266e R.I. : "
Il y a dans les rangs beaucoup de jeunes des classes 16 et 17, trop jeunes
pour supporter de pareilles épreuves. Quand les chefs font leur
ronde, il arrive souvent qu'ils trouvent les guetteurs endormis, même
quand la neige tombe. Ils sont là, à demi couverts de neige,
à demi congestionnés, et dormant cependant à poings
fermés. "
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- milieu - bas
13 avril
Rive droite
A 9 h 30 et à 16 h, 2 nouvelles attaques allemandes sur l'antenne
de la tranchée Douaumont sont mises en échec.
Rive gauche
" Journée calme "
.
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14 avril
Rive droite
A l'intersection de la tranchée de Morchée et le boyau
Vigoureux, des combats à la grenade sont constants. En 9 jours,
la tranchée Morchée est passée 3 fois d'un camp à
l'autre. Elle reste finalement aux mains de l'ennemi.
Le fort de Vaux et ses abords sont pilonnés sans relâche.
Rive gauche
A 16 h 45, 2 compagnies du 287e R.I. partent à l'attaque de la
cote 295 au Mort-Homme, perdue le 9 avril. Cependant, elles ne parviennent
qu'à reprendre un petit poste avancé.
Exposées ensuite aux tirs des mitrailleuses allemandes trop dangereusement,
les 2 compagnies attendent la nuit et regagnent leurs positions.
Pendant la nuit, la 37e D.I. (2e et 3e
zouaves, 2e et 3e tirailleurs) commence à relever la 76e (157e,
163e, 210e et 227e R.I.)
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15
avril - Tentative française pour se rapprocher du fort de Douaumont
(rive droite)
Rive droite
A 18 h 10, la 1ère attaque visant à se rapprocher du
fort de Douaumont est lancée. Les objectifs sont les tranchées
allemandes de 1ère ligne entre le ravin de la Caillette et celui
de la Fausse-Cote, au sud-est du fort.
A gauche, le 140e et 210e R.I. atteignent
le boyau Hans et font 28 prisonniers.
Au centre, le 36e R.I. qui part des tranchées Hauteville et Driant,
rencontre assez rapidement une forte résistance. Par 3 fois, il
tente une percée mais sans succès. Le 2e bataillon parvient
néanmoins a reprendre un élément de tranchée.
Témoignage du général
Pétain : "
Une terrible lutte se poursuivait dans le ravin de la Caillette entre
Souville et Douaumont. Les bataillons de la division Mangin y progressaient
pied à pied, avec une obstination que rien ne décourageait,
et s'accrochaient méthodiquement aux éperons s'élevant
vers le fort de Douaumont : ils avaient reçu la mission d'enserrer
l'ouvrage et de s'en rapprocher par un travail de sape, afin de réduire
au minimum la distance d'assaut.
Leur courage et leur endurance, pour mener à bien cette besogne
entre toutes difficiles, dépassaient nos espoir et rien n'était
réconfortant comme de les voir, de l'observatoire de Souville,
gagner quelques pouces de terrain et organiser aussitôt la défense
de leur amorces de tranchées
sous le feu impitoyable des
engins modernes, dans l'atmosphère méphitique des gaz, sous
la menace des " lance-flammes "
Car l'ennemi ne restait point passif : sur chacun des tentacules qui s'avançaient
vers lui, il entretenait un tir de destruction systématique, avec
ses minenwerfer et ses mortiers, puis il lançait les uns après
les autres des détachements d'assauts. Des prises d'armes furieuses
se déroulaient alors entre ces groupes de soldats, d'une bravoure
égale, qui se disputaient le sol lambeau par lambeau, comme si
les destinées de leurs patries respectives se jouaient vraiment
sur ces infimes espaces. "
Rive gauche
Il pleut sans interruption. Le terrain n'est plus qu'un immense bourbier.
Témoignage du soldat Jules GROSJEAN
: "
Je crois n'avoir jamais été aussi sale. Ce n'est pas ici
une boue liquide, comme dans l'Argonne. C'est une boue de glaise épaisse
et collante dont il est presque impossible de se débarrasser, les
hommes se brossent avec des étrilles. Par ces temps de pluie, les
terres des tranchées, bouleversées par les obus, s'écroulent
un peu partout, et mettent au jour des cadavres, dont rien, hélas,
si ce n'est l'odeur, n'indiquait la présence. Partout des ossements
et des crânes. Pardonnez-moi de vous donner ces détails macabres
; ils sont encore loin de la réalité. "
Témoignage du soldat Louis CORTI
du 30e R.I. :
"Il
a plu et la boue a envahi tout le secteur. Cherchant un abri, un homme
s'est jeté dans le boyau, et la boue est aussitôt montée
jusqu'à sa ceinture.
Il demande de l'aide ; 2 hommes lui ont tendu leurs fusils, mais ils ont
glissé et vite, ils ont repris place dans la colonne qui passe
tout près, sourde aux supplications de l'enlisé qui s'enfonce,
sans secours.
Car on meurt de la boue comme des balles. Des blessés sont engloutis
dans ce marais perfide. Ici, c'est la boue qui obsède, la boue
glissante et liquide, l'affreuse boue Meusienne soulevée, piétinée,
tassée par des centaines de milliers d'hommes, de chevaux, de voitures.
Une mer de boue jaune qui pénètre jusqu'à la peau,
elle réussit à se glisser sous les planches et les couvertures.
Nous vivons sous la boue, nous voyons de la boue partout, et des cadavres,
des cadavres, et encore de la boue, et encore des cadavres. On a appris
à vivre dans la terre avant de mourir."
A 20 h, l'artillerie française
fait échouer une attaque allemande partie en direction du Mort-Homme.
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- milieu - bas
16 avril
Rive droite
A 4 h 40, profitant d'un épais brouillard, l'ennemi prend d'assaut
les tranchées qu'il a perdues la veille au sud-est du fort de Douaumont.
Les Français sont délogés et repartent sur les positions
qu'ils occupaient la veille.
Un tir de barrage d'une extrême violence interdit ensuite toutes
ripostes françaises.
Rive gauche
R.A.S.
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17 avril
Rive droite
Dès l'aube, violent bombardement des positions tenues par les 62e
et 116e R.I. Vers 7 h, la situation devient tragique.
A 10 h, les Allemands partent à l'attaque en grand nombre et parviennent
en milieu d'après-midi, à s'emparer des 1ères lignes
tenues par le 62e et le 116e R.I. Par cette manuvre, ils deviennent
maîtres de la carrière d'Haudraumont, des tranchées
Derrien, Morchée et Rivalain.
De son côté, le 9e B.C.P.
en ligne entre la ferme de Thiaumont et le fort de Douaumont, repousse
plusieurs attaques.
Durant la journée, le bombardement
allemand est très meurtrier pour de nombreux régiments.
Particulièrement pour le 19e R.I. devant Thiaumont (dont un bataillon
sera pratiquement décimé en fin de journée), et pour
le 118e au bois de Nawé.
Dans la nuit, 1 bataillon du 62e R.I. et
un du 328e R.I. contre-attaquent pour tenter de dégager le plateau
nord du ravin de la Dame. L'attaque ne parvient pas à percer.
Rive gauche
R.A.S.
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18 avril
Rive droite
Dans l'après-midi, le 116e R.I. parvient à reconquérir
la tranchée Derrien qu'il a perdue la veille.
A 15 h 15, la 9e B.C.P. attaque la tranchée
Morchée, perdue la veille et parvient à en chasser l'ennemi.
Il repousse ensuite plusieurs retours offensifs.
A 18 h 30, les Allemands débouchent
de la carrière d'Haudraumont et du ravin Bras et contre-attaquent
la tranchée Derrien reprise le matin par le 116e R.I. Les Français
doivent réévacuer les lieux.
Rive gauche
Le 154e R.I. part à l'assaut de la tranchée de Westphalie
et s'avance de 200 m en faisant 50e de prisonniers.
Témoignage :
" Le sergent Leclaire, du 54e R.I., après avoir progressé
avec une dizaine d'hommes dans les goyaux, se trouve en face d'un barrage
défendu par un fort groupe d'Allemands armés de grenades.
Ménager de la vie de ses hommes, Leclaire préfère
s'exposer seul au danger. Il s'avance à découvert et, faisant
usage des quelques mots d'allemand qu'il connaît, somme l'ennemi
de mettre bas les armes.
Les Allemands hésitent ; Leclaire sent qu'ils redoutent un traquenard
; il franchit les mains vides, le barrage, et leur enjoint à nouveau
de se rendre ou de se retirer. Faisant preuve d'un sang-froid remarquable,
il enlève à l'un de ses adversaires sa patte d'épaule
pour pouvoir rendre compte plus tard du numéro du régiment
qui nous était opposé.
L'ennemi refuse d'obéir à ses ordres. Leclaire repasse en
deçà du barrage, prévient les Allemands de son intention,
retrouve ses hommes toujours à l'abri, se lance à leur tête
à l'assaut, tue tous les défenseurs du barrage et continue
à progresser. "
Des reconnaissances allemandes sont repérées
vers les Eparges. Les tirs venant des tranchées françaises
les renvoient assez facilement dans leurs lignes.
Toute la journée, le duel d'artillerie
est intense des 2 côtés du Mort-Homme.
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19 avril - Tentative
française pour se rapprocher du fort de Douaumont (rive droite)
Rive droite
A 2 h, le 116e R.I. tente à nouveau une percée en avant.
Il parvient à atteindre la tranchée Balfourier qu'il doit
réévacuer aussitôt. Il fait une nouvelle tentative
à 5 h mais ne parvient pas à avancer.
Dans l'après-midi, le 19e R.I. essaie
à son tour un assaut pour reconquérir les tranchées
Rivalain et Derrien. Quand le départ est donné, il ne peut
sortir de ses positions car le feu allemand est trop intense.
A 17 h, le 120e R.I. reprend l'attaque
commencée le 15 avril au sud du fort de Douaumont pour tenter de
s'en approcher.
A 20 h, il est parvenu à reprendre un fortin devant Vaux. Le bilan
est de 250 ennemis tués, 200 prisonniers, 6 mitrailleuses et 1
lance-flamme.
Rive gauche
Les Allemands qui ont reconnu le terrain la veille, lancent une attaque
assez importante sur les Eparges.
Ils parviennent à forcer la 1ère ligne française
mais une contre-attaque menée un peu plus tard, les rejette en
partie.
Témoignage de Pierre JOULAIN, soldat
au 66e R.I. : "
Nous sommes partis d'Esnes à la nuit tombante, le 19 avril, pour
monter en ligne. Combien de morts sur notre trajet ? Des centaines sûrement.
En sortant d'Esnes, une section entière était là,
comme endormie pour toujours, tous les hommes plus ou moins déchiquetés.
Notre file indienne, avec tous ses arrêts forcés par les
éclatements, ne put arriver qu'à deux heures du matin au
secteur pour remplacer les deux ou trois poilus survivants.
A la question : "Où sont les Boches !" ils vous répondent
"A quarante mètres ; vous ne serez pas longtemps avant de
les voir". "
haut
- milieu - bas
20 avril - Lutte pour
le cote 295 du Mort-Homme (rive gauche)
Rive droite
Dès l'aube, le bombardement allemand recommence sur tout le
secteur et augmente en intensité jusqu'à 18 h.
A 18 h 30, l'ennemi attaque la tranchée Morchée tenue par
le 9e B.C.P. Il est repoussé à la grenade. Les hommes du
9e B.C.P. attaquent à leur tour et d'un magnifique élan,
parviennent à reconquérir les éléments perdus
le 17 avril.
En même temps, l'ennemi se porte
à la droite du 9e B.C.P. sur le front du 18e B.C.P. (au sud de
Douaumont). Il parvient à pénétrer dans le dispositif
français.
Une contre-attaque rapide et violente concertée
entre le 9e et 18e B.C.P. chasse les Allemands. Bien que certains points
soient restés aux mains de l'ennemi, la situation est rétablie
et de nombreux Allemands sont capturés.
Toute la journée, l'artillerie française
a pilonnée le fort de Douaumont avec force, en guise de préparation
pour la nouvelle attaque du fort prévue le 22 avril.
Au soir, la 28e D.I. (22e, 30e, 99e et
416e R.I.) relève la 22e (19e, 62e, 116e et 118e R.I.) très
éprouvée.
Rive gauche
Un bataillon du 306e, un du 150e et un du 154e R.I. reprennent l'attaque
ratée qui avait été entreprise le 14 avril sur la
cote 295 (au Mort-Homme). L'assaut qui est fixé pour 17 h 30 est
précédé d'un tir de préparation de l'artillerie
française assez efficace.
A l'heure H, les 3 bataillons s'élancent.
Le 154e parvient à reprendre la tranchée Guiborat et la
tranchée Corse en faisant 44 prisonniers.
Le 150e et le 306e R.I. enlèvent l'ouvrage des Poutres et la tranchée
Garçon. Ils poursuivent ensuite leur progression et s'établissent
sur les pentes nord de la cote 295.
L'ennemi qui juge sa situation devenue
dangereuse, évacue le sommet de la côte.
Témoignage du commandant P
: "
Très souvent, les Allemands ont abandonné, d'eux-mêmes,
des positions conquises par eux ; ils avaient les prisonniers et les renseignements
qu'ils désiraient, ils s'en allaient sans regret d'une position
mal placée, dont la défense leur eût imposé
des pertes inutiles.
Il semble que de notre côté, trop souvent, nous n'ayons pas
montré la même largeur de vues, la même intelligence.
Tout terrain conquis devenait sacré, toute position ancienne, même
indéfendable par suite d'une avance de l'ennemi, devait être
conservée coûte que coûte. C'est, croyons-nous, le
maréchal Pétain qui, le premier chez nous, a rompu avec
ces funestes errements. Mais il n'a pas toujours été compris,
du moins aussi vite qu'il eût été désirable,
par ses subordonnés."
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- milieu - bas
21 avril - Lutte pour
le cote 295 du Mort-Homme (rive gauche)
Rive droite
A 4 h, le 3e bataillon du 107e R.I.
attaque par surprise et reprend la tranchée Moisson, le boyau Nourrisson
et une partie du boyau Bablon. Il fait 40 prisonniers et délivre
2 médecins, 2 officiers et 50 hommes.
A l'aube, le 18e B.C.P. attaque rapidement
et reprend en quelques minutes la totalité des éléments
perdus la veille (secteur de la tranchée Morchée).
Le 3e bataillon du 138e R.I. attaque vers
le bois franco-boche mais sans succès.
Dans la nuit, la 14e D.I. (35e, 42e, 44e
et 60e R.I.) relève la 6e.
La 48e (170e, 174e R.I.) relève la 4e (9e et 18e B.C.P., 120e,
147e et 328e R.I.).
"
Le 120e R.I., qui est relevé dans la nuit du 21 au 22 avril, a
perdu 35 officiers et 998 hommes en 5 jours. "
Rive gauche
Sur les pentes nord de la cote 295, les 150e, 154e et 306e R.I. fortifient
leurs positions et progressent à la grenade entre la tranchée
Corse et l'ouvrage du Trapèze (au sud-ouest de la cote 295).
Plus tard, le 154e R.I. repousse une contre-attaque avec lance-flammes.
Entre la cote 257 et le Mort-Homme, le
161e R.I. repousse une attaque allemande.
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22 avril - Lutte
sur les pentes de Vaux-Douaumont (rive
droite) - Pression allemande rive gauche
Rive droite
La lutte continue dans les secteurs
de Douaumont et de Vaux.
Le bombardement allemand ne perd pas de son intensité.
Les morts et les blessés sont continuels.
Rive gauche
Durant la nuit et toute la matinée, le bombardement allemand s'intensifie
sur tous les secteurs.
A 13 h, il devient intense sur le bois
Eponge et le Mort-Homme.
A 16 h 15, l'ennemi se lance à l'attaque
de ces 2 positions.
Pendant 2 h, 6 tentatives viennent se briser devant les lignes françaises.
Les assaillants tombent les uns sur les autres sans qu'aucun ne parvienne
à atteindre le parapet des tranchées françaises.
Le canon des fusils des défenseurs est porté au rouge tellement
la cadence de leur tir est rapide.
Il semble que les dernières vagues allemandes à s'élancer
l'ont été de force.
Bien que la ligne soit sauve, de nombreuses
victimes sont à déplorer du côté français.
Beaucoup d'hommes, dans l'ardeur du combat, se sont découverts
pour mieux mettre en joue leurs ennemis.
Dans le secteur de la cote 295, les Français
poursuivent les attaques à la grenade sur la tranchée Corse
et la tranchée Garçon.
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- milieu - bas
23 avril - Lutte sur
les pentes de Vaux-Douaumont (rive droite) - Pression allemande rive gauche
Rive droite
Journée identique à la veille, passée sous le
bombardement
.
Rive gauche
Dans la nuit, une attaque allemande vers la cote 304 échoue.
Dans la journée, de petites reconnaissances
ennemies devant le bois Eponge ainsi qu'au bois d'Avocourt sont repoussées
par les Français.
haut
- milieu - bas
24 avril - Lutte sur
les pentes de Vaux-Douaumont (rive droite) - Pression allemande rive gauche
Rive droite
La lutte continue dans les secteurs de Douaumont et de Vaux.
Le bombardement allemande ne perd pas de son intensité.
Les morts et les blessés sont continuels.
Rive gauche
Durant cette journée, plusieurs attaques allemandes sont lancées
sur le front français mais elles sont toutes repoussées
:
- à minuit ;
- à 2 h, sur le front du 154e R.I. qui part ensuite à la
contre-attaque (1er bataillon) et progresse de 200 m dans la tranchée
Corse et de 300 m (3e bataillon) dans la tranchée de Westphalie
où il s'organise solidement.
- à 4 h ;
- dans l'après-midi, l'une face à la cote 304, l'autre face
au Mort-Homme.
- le soir, sur la tranchée Corse et de Westphalie que l'ennemi
a perdu en partie le matin.
- à minuit et à 2 h (le 25 avril)
haut
- milieu - bas
25 avril
Rive droite
R.A.S. pendant la journée.
Témoignage de Jean MEIGNEN, soldat
au 174e R.I. : "
Nous prenons position en avant de la ferme de Thiaumont. Quand le jour
se lève, au matin du 25 avril, je ne puis me défendre d'une
sensation d'horreur et d'épouvante quand je vois qu'à l'endroit
que j'occupais, le parapet est en partie formé de cadavres et que
toute la nuit, je me suis appuyé sur des godillots qui émergeaient,
en laissant couler une boue infecte, mélange de sang, de pourriture
et de terre. "
Le soir, le général Pétain
est nommé au commandement de l'armée de Verdun.
Rive gauche
La progression du 154e R.I. entamée la veille dans la tranchée
Corse se poursuit.
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- milieu - bas
26, 27 et 28 avril
Rives droite et gauche
La lutte continue dans tous les secteurs, le bombardement allemand
est toujours très violent.
Témoignage du capitaine R. LISBONNE
du 154e R.I. : "
A mes pieds un sergent que je ne reconnais pas, la colonne vertébrale
brisée, crie qu'il ne sent plus ses jambes et ne cesse sa plainte
lamentable : "Mon capitaine, achevez-moi ! prêtez-moi votre
revolver !" J'étais monté le 13 avril avec 3 lieutenants,
2 adjudants et 200 hommes ; je redescends le 26, blessé, avec un
adjudant et 53 soldats. "
Témoignage de Jean MEIGNEU, soldat
au 174e R.I. : "
Nous montons en ligne quelque part entre Douaumont et Vaux, le 26 avril.
Ma première impression en arrivant fut que les occupants nous cédaient
la place avec empressement et enthousiasme. Voici le dialogue qui s'est
engagé avec le poilu que je relevai :
- Est-il mauvais, le coin ?
- Et bien, mon vieux, oui, ça chie.
- Où sont les Boches ?
- Mon vieux, ils sont devant, et puis démerde-toi. "
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29 avril
Rive droite
Idem que les jours précédents.
Rive gauche
La journée débute sous le bombardement allemand par
obus de 150 et 210.
Le 154e R.I. poursuit son effort sur la
tranchée Corse et enlève cette fois-ci vers 18 h 20, 1500
m de la tranchée en faisant 53 prisonniers. Il est aidé
ce jour-là par des éléments du 161e R.I.
Pratiquement tout le terrain que l'ennemi
avait conquis le 19 avril a été repris par les Français.
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30
avril
Rive droite
Idem que les jours précédents.
Rive gauche
Au nord de Cumières, la 23e compagnie du 251e R.I. repousse
3 attaques allemandes à 4 h 30, à 11 h et à 18 h
30.
A 19 h 30, une de ses compagnies contre-attaque
et parvient à reprendre la tranchée Servagnant et le saillant
du Verger.
La 22e compagnie du 251e R.I. a pour ordre
de reprendre le sommet du Mort-Homme.
Après de sévères combats à la grenade, elle
parvient à se fortifier au sommet.
Du 26 février au
le 30 avril, les pertes humaines du côté français
s'élèvent à 58 000 blessés (920 par jour)
et à 49 000 morts (777 par jour).
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