La
fraternisation
Témoignage du soldat Gervais MORILLON : "
Il se passe des faits à la guerre que vous ne croiriez pas. Avant-hier,
et cela a duré deux jours dans les tranchées que le 90e
occupe en ce moment, Français et Allemands se sont serré
la main.
Témoignage de X : "
Deux Allemands âgés soutiennent un camarade qui agonise.
Une grande amitié devait unir ces trois hommes. Les deux qui sont
valides ont les yeux plein de larmes et comme le blessé agonise,
l'un d'eux se penche vers lui et l'embrasse longuement. Depuis quelque temps de petites conversations s'engageaient entre les loustics des tranchées de premières lignes boches et françaises. On échangeait, allant même jusqu'à la sympathie, quelques phrases pleines de saveurs : "Quand donc finira la guerre ?" L'aura-t-on posée assez souvent cette question ? " Témoignage de Edouard BOURGINE du 3e bis Zouaves : "
Ce matin, un épais brouillard estompait uniformément chaque
chose, impossible de voir à deux pas devant soi. Témoignage du soldat Gustave BERTHIER : "
Nos quatre jours de tranchées ont été pénibles
à cause du froid et il a gelé dur, mais les Boches nous
ont bien laissés tranquilles. Le jour de Noël, ils nous ont
fait signe et nous ont fait savoir qu'ils voulaient nous parler. C'est
moi qui me suis rendu à 3 ou 4 mètres de leur tranchée
pour leur parler, d'où ils étaient sortis au nombre de trois. Journée du 15 mars 1916, attaque allemande sur les deux rives. Témoignage de Robert GILLET, soldat au 16e R.I. : " Une anecdote que je tiens de l'aumônier divisionnaire Lestrade et qui peint l'âme du poilu français. Lestrade avait, selon son habitude, accompagné de près nos vagues d'assaut avec sa vaillance accoutumée. En parcourant les tranchées conquises, il trouve dans un abri plusieurs soldats français en compagnie de plusieurs soldats allemands. Les Français ont ouvert leurs musettes et en ont partagé fraternellement le contenu avec leurs prisonniers. Tous mangent d'un bon appétit, on dirait une pension de famille. "
Témoignage de Louis PAPIN, soldat au 56e B.C.P. : " Nous nous traînons dans le bois auprès d'officiers allemands qui, en langue française, nous félicitent de notre courage, nous offrent liqueurs et cigarettes, après avoir déclaré que nous étions "intuables". "
Les prisonniers... Journée du 11 juillet 1916, attaque allemande sur le fort Souville. Témoignage du docteur Léon BAROS, aide-major au 217e R.I. : "
Des prisonniers boches défilent devant nous ; quelques-uns, blessés,
sont pansés par nous au passage. Ils ont faim, ils ont soif, leurs
traits sont tirés et leurs vêtements boueux en lambeaux.
Ils réclament à boire et à manger. Et nos poilus
qui viennent de subir tant de mal par eux, leur offrent du pain, du chocolat,
de l'eau et oublient toute rancur, dans un grand élan de
générosité.
Témoignage du soldat LECLAIRE : "
Les prisonniers nous disent : "Nous ne serons pas vainqueurs, mais
vous ne le serez pas non plus"" Témoignage de Joseph GOURC, aspirant au 142e R.I. : "
Un soir, comme nous ramenions un prisonnier, un de mes sergents, pour
l'effrayer, lui mit sous le nez un revolver : notre Boche, sans s'émouvoir,
lui dit dans le plus pur français : "Vous pouvez me tuer,
cela ne nous empêchera pas d'être victorieux et d'aller à
Paris."" " Notre prisonnier nous fit comprendre qu'il était heureux d'être prisonnier, que la guerre était finie pour lui et que s'il avait tant hésité pour se faire prisonnier, c'est que de l'autre côté, on leur disait que les Français tuaient leurs prisonniers à coups de baïonnettes. "
Témoignage de Edouard BOUGARD, caporal au 208e R.I. : " Nous assistons au défilé des réserves allemandes, très nombreuses : aucune injure à notre adresse ; les malheureux enviaient notre sort, car nous n'entendions que des "Monsieur, guerre finie ""
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