La guerre chimique
A la fin de 1914, l'entrée dans la guerre de position contraint les armées, qui n'ont pas du tout prévues cette situation, à modifier leurs méthodes de combats et à trouver de nouvelles techniques. C'est dans ce contexte que se développent les armes chimiques. Néanmoins, il faut savoir que des
études ont déjà été menées avant
la guerre, du côté allemand comme du côté français.
Cependant, elles n'ont pas été approfondies. Les Français
ont tout de même conçus une grenade suffocante, qu'ils utilisent
faiblement au tout début de la guerre, en août 1914, mais
cette tentative reste sans suite. La raison majeure est que la France
comme l'Allemagne a signée la Conférence de la Paie de 1899
et la Convention de la Haye de 1009, qui interdisent toutes deux formellement
l'utilisation de gaz chimiques mortels.
L'Allemagne, qui possède une industrie
chimique beaucoup plus développée que la France, est la
plus rapide à concevoir et à tester un gaz suffoquant :
le chlore.
L'armée française se lance alors dans une course effrénée pour concevoir et équiper de protections contre les gaz, toutes les unités combattantes. Les tentatives seront nombreuses ainsi que les modèles distribués. Voir l'évolution des masques à gaz de l'armée française durant la première guerre mondiale dans la partie "Uniforme", "Les masques à gaz". Parallèlement, la France lance un ambitieux programme de recherche pour concevoir ses premiers gaz de combat. En septembre 1915, sur le front de Champagne, la première attaque aux gaz est menée en remplissant de disulfure de carbone (thiophosgène) un obus du fameux canon de 75. Le produit extrêmement toxique à forte concentration, perd rapidement de son efficacité une fois dispersé dans l'air et au final, s'avère peu efficace.
De leur côté, les chimistes Allemands poursuivent leurs recherches et conçoivent une nouvelle substance à base de Brome. Ce gaz rouge/brun est notamment utilisé sur le front de l'Argonne en juin 1915. Ses effets sont sensiblement identiques à celles du chlore. Apparait également le chloroformiate de méthyl chloré ou trichloré qui est utilisé la première fois contre les Français en juillet à Neuville-Saint-Vaast. Ses effets sont plus nocifs que le brome et sa dispersion se fait par obus. Cette nouvelle méthode favorise le développement de l'artillerie chimique allemande. Un certain nombre de produits lacrymogènes
sont également conçut pas les Allemands à cette période,
le bromacétone et le bromométhyléthylcétone
entre autre. Ils provoquent notamment des douleurs oculaires, des larmoiements,
des conjonctivites et à forte concentration, des irritations et
brûlures cutanées.
A chaque nouvelle substance qui entre en
service, les solutions neutralisantes et les protections contre les gaz,
qu'elles soient sur les parties respiratoires ou sur les yeux, doivent
évoluer en conséquence. Elles doivent bien entendu être
efficace contre les nouveaux gaz, mais conserver leurs efficacités
contre les anciens, qui continuent à être utilisés.
C'est une guerre technologique qui s'engage entre les chimistes et ingénieurs
Allemands et Français. Devant toutes ces difficultés de
conception, les attentes que l'on peut avoir sur un gaz sont relativisées.
Et il est constaté qu'un gaz ne doit pas forcément être
mortel pour être efficace. Le but est bien d'infliger des pertes
à l'ennemi mais sont évacuation vers l'arrière suffit.
Le but est également de démoraliser et fragiliser l'adversaire,
moralement et physiquement. Diminuer sa combativité. Les suffocants :
chlore, chloroformiate de méthyl chloré ou trichloré,
disphogène
Les irritants lacrymogènes :
bromacétone, bromométhyléthylcétone
Les irritants sternutatoires : chlorure
et cyanure de diphénylarsine, dichlorure et dibromure d'éthylarsine,
méthyl dichloré et dibromé
Les toxiques : d'acide cyanhydrique,
cyanogéne
Les vésicants :
sulfure d'éthyl dichloré
Devant les dommages que peuvent produire les gaz de combat sur les unités en ligne, les armées mettent rapidement en place des procédures de sécurités très strictes. Chaque homme doit prendre un soin extrême à l'entretient de sa protection contre les gaz. Il doit la porter en permanence sur lui, même en période de repos s'il se trouve à moins de 10 kilomètres du front. En première ligne, un système de guet est mis en place, qui devient systématique à partir de janvier 1916. Après l'apparition des gaz vésicants, il est interdit d'ingérer de la nourriture ou de l'eau récupéré sur le champ de bataille.
L'Allemagne, quant à elle, diminue
progressivement ses attaques par vagues dérivantes qui s'avèrent
difficiles à maitriser car totalement dépendantes des vents
et imposant un énorme travail de préparation. 8 seront réalisées
pendant le premier semestre 1916, la dernière ayant lieu au mois
d'août. Elle va alors concentrer essentiellement et massivement
sa production sur les obus chimiques, la propagation par obus étant
jugée plus fiable et beaucoup plus simple à mettre en uvre
au niveau de la logistique. En juillet, sur le front de la Somme, les Français utilisent pour la première fois un nouveau gaz conçu à base d'acide cyanhydrique. Créant ainsi la catégorie des gaz toxiques. Il est dispersé par obus.
L'année 1917 marque un tournant
dans la guerre chimique. Le sulfure d'éthyl dichloré (également appelé Ypérite) qui, en plus d'être le gaz le plus toxique jamais conçu depuis le début de la guerre chimique, possède des facultés jamais observées à ce jour : bruler toutes les parties du corps exposées, n'agir que plusieurs heures après contamination, si bien que le sujet ne s'en rend pas compte, et être persistants en restant actif sur le terrain durant plusieurs semaines. Ces nouvelles propriétés extrêmes vont raviver la terreur des combattants pour les attaques aux gaz, qu'ils étaient parvenu à quelque peu maitriser depuis 2 ans. L'Angleterre, ensuite, qui le 4 avril 1917 dans la région d'Arars, utilise un nouveau mortier pour disperser le gaz, le lanceur Livens, du nom de son inventeur, le lieutenant LIVENS. Ce mortier a nombreux avantages : En octobre 1917, sur le front de l'Aisne, les Français commencent à utiliser à leur tour le mortier Livens. Les Allemands s'emparent également
de l'invention en parvenant à capturer aux britanniques un exemplaire
du mortier Livens. Après études, ils mettent au point le
mortier Gaswerfer basé sur la même technique, mais avec quelques
améliorations. Equipé d'un " bouton " sur l'arrière
du mortier, il est possible d'ôter facilement un projectile que
ne serait pas parti, il est plus précis et sa portée maximale
passe à 3,5 km.
L'année 1918 n'est pas marquée
par des nouveautés mais un renforcement et un développement
à outrance des techniques déjà en place. En juin, les Français utilisent pour la premières fois des obus chargés d'Ypérite (catégorie des vésicants), moins d'un an après l'Allemagne. Au prix d'un important programme de recherche, ils sont parvenus à rattraper leur retard. Lors des premiers bombardements, les Allemands sont totalement prix au dépourvus. Ils sont contraints en urgence de revoir à leur tour leurs protections contre les gaz. L'arrivé de ce nouveau gaz mettra fin définitivement pour l'armée Française à l'utilisation de la méthode des vagues dérivantes. De 1915 à 1918, 400 émissions par vagues dérivantes auront été réalisées, 301 pour l'Angleterre, 51 pour la France, 50 pour l'Allemagne, 6 pour la Russie et 1 pour l'Autriche-Hongrie.
Si l'armistice met un terme aux attaques aux gaz, elle ne stoppe en aucun cas les recherches sur le sujet. Les gaz seront perfectionnés dans l'entre deux guerre et largement utilisés durant la seconde guerre mondiale. |