Le commandement
Fr. prend conscience de l'imminence
de l'attaque All sur Verdun
Plusieurs événements successifs ont permit au commandement
Fr. d'acquérir un grand pressentiment qu'une offensive All. de
très grande ampleur se préparait dans le secteur de Verdun.
Cependant, il était trop tard pour réagir efficacement :
- Fin 1915, les avions d'observation Fr.
remarquent que les réseaux de chemin de fer au nord de Verdun se
font plus dense. En novembre, 3 nouvelles voies apparaissent qui relient
la vois ferrée de la vallée de la Meuse. Permettant ainsi
de rejoindre l'Allemagne par Metz, Thionville ou Luxembourg.
Peu à peu, ces voies s'étendent vers Verdun en ramifications
de voies étroites (0.60 m) pour finalement s'approcher à
300 m derrière les 1ère lignes All.
En même temps, l'activité des gares des principales villes
du nord traversées par ces voies (Romanche, Vilosnes, Chamblay,
etc.) s'accroît de manière importante.
En janvier 1916, l'activité ferroviaire est 3 fois plus importante
qu'en été 1915. Des trains entiers de fil barbelés,
de poutres, de pieux, de planches, de gravier, de sable, de ciment, de
sac de sable, de rails, de traverse pour voies étroites (de quoi
réaliser des 100e de km), de munition, de canons de tous calibres,
d'hommes, convergent vers Verdun
des milliers de convois
- Le 16 janvier 1916, un déserteur
All. du 28e régiment de réserve, recueilli à Béthincourt,
signale qu'une importante concentration d'artillerie lourde est en position
dans le ravin entre Vilosnes et Haraucourt. Les ordres sont d'économiser
les munitions afin de pouvoir assurer un bombardement continu de 100 heures
pour les 1er jours de février.
- Le 8 février, 2 déserteurs
du 98e régiment de réserve rapportent un témoignage
similaire. Le village de Romagne est devenu une puissante position d'artillerie
de tous calibres (210, 305,380 longue portée, 420). Il arrive de
nouvelles pièces toutes les nuits.
Dans les campagnes en arrière, d'immenses camps de baraques en
bois permettent le stockage d'un nombre invraisemblable de munition. Chacun
de ces camps abrite plus de 5000 hommes et 3000 chevaux. Une rivière
a été captée et redirigée vers un immense
réservoir en haut d'une colline pour fournir de l'eau courante
à tous ces camps. Une entreprise démesurée est en
place.
Plus près des lignes, d'immenses
abris souterrains (stollens), à plusieurs étages, de 15
m de profondeur, à l'épreuve des bombes, pouvant abriter
chacun 1000 hommes ont été creusés dans le plus grand
secret.
Ils possèdent des souterrains permettant aux troupes de rejoindre
directement les tranchées de 1ère lignes. Le stollens du
bois de Consenvoye, à 1200 m des positions Fr. peut contenir 1200
hommes. D'autres stollens sont creusés à Ormont, au bois
de Moirey, à la croupe du coup, également très important.
Regroupant toutes ces informations, il
ne fait plus de doute au commandement Fr. sur ce que prépare l'ennemi.
Malheureusement, alors qu'il aurait fallu augmenter de manière
importante le nombre de batterie, afin de rééquilibrer les
forces, prévoir un approvisionnement en munition important, des
abris plus solides, des liaisons téléphoniques systématiques
avec les P.C. et l'aviation, rien n'est mis en place. Les pièces
d'artillerie enlevées d'autres secteurs et acheminées vers
Verdun sont très insuffisantes, aucune réparations ni consolidations
d'abris d'artillerie ne sont ordonnées. Au niveau des liaisons,
alors que 160 km de fil téléphonique sont nécessaires
pour rétablir des liaisons convenables, seulement 100 km sont envoyés
à Verdun. Lorsqu'est demandé des lanternes et des projecteurs
pour établir des signaux optiques, aucune suite. Ils devront continuer
à se faire avec les fanions de couleurs.
Au final, un grand nombre de pièces d'artilleries demeurent totalement
isolées.
En ce qui concerne l'infanterie, des divisions
sont tout de même mises en alerte à partir du 11 février.
Les 51e et 67e D.I. sont envoyées en renfort en arrière
du front (51e rive droite et 67e rive gauche). Les 14e et 37e D.I. sont
rattachées à la région fortifiée de Verdun
et rapprochées du secteur. La 48e D.I. se dirige sur Chaumont-Sur-Aise
et la 16e sur Pierrefitte.
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