Le fort et le tunnel de Tavannes
Le fort de Tavannes a été
construit entre 1876 et 1879 par le général Séré
de Rivières. En forme de polygone comme la plupart des autres forts
qui entourent Verdun, il est de taille modeste et se trouve à 1600
m au sud-ouest du fort de Vaux. Aux 2 extrémités se trouvent 2 coffres simples alors que la partie avant est formée par un coffre double. Il ne possède pas de casemate de Bourges. Un observatoire se trouve au centre de la caserne centrale. Par le décret du 5 août 1915
qui prévoit le désarmement des forts, sa garnison initialement
à 600 hommes est réduite et son armement est supprimé.
Plan du fort :
Historique du fort : Dès le début de l'offensive allemande sur Verdun le 21 février 1916, le fort est régulièrement bombardé. Il le sera tout au long de la bataille de Verdun. Réapprovisionné le 24 mars, sa garnison compte théoriquement un bataillon d'infanterie, un régiment de chasseur et un régiment d'artillerie. Cependant, le fort devient rapidement un lieu de repos, une étape et un abri pour les troupes. Au plus fort des combats, le fort héberge jusqu'à une douzaine de régiments qui s'entassent dans les casemates et la caserne. Une telle surpopulation entraîne des problèmes de sécurité et des problèmes sanitaires. L'hygiène de vie dans le fort est déplorable. Le 7 mai, un obus de 420 allemand explose dans le dépôt de munitions. Les dégâts matériels sont très importants et les victimes sont nombreuses. Le 8 juin, conscient du nombre croissant de population (environ 50 officiers et 1125 hommes de troupe), un ordre strict est donné qui vise à limiter et réguler les accès et l'occupation au fort. Tout le mois de juin, le front n'étant plus qu'à 1 km 300 du fort, le bombardement allemand est très violent. De nombreux obus de 380 et 420 s'abattent sur la fortification causant de gros dégâts. La couche de béton sur la caserne est perforée jusqu'à 80 cm de profondeur. La cour intérieure et les fossés sont complètement défoncés. Mi-juillet, alors que les Allemands tentent de forcer la ligne Fleury-Vaux Chapitre et que le front n'est plus qu'à 1 km, le bombardement sur le fort atteint un puissance non connue auparavant. Chaque minute, 80 projectiles de tous calibres s'abattent sur la superstructure. |
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L'entrée du fort Aux mois d'août et septembre, le front n'est plus qu'à 850 m et le bombardement continue inexorablement. Finalement, l'armée allemande ne
parvient jamais à atteindre le fort de Tavannes. L'attaque française
du 24 octobre repousse une 1ere fois la ligne de front. On estime que durant toute la guerre, le fort de Tavannes à reçu près de 30 à 40.000 obus de tous calibres.
Le fort de nos jours : |
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Le tunnel de Tavannes est un tunnel ferroviaire d'une seule voie où passe le chemin de fer allant de Verdun à Metz. Situé au nord ouest du fort de Tavannes, il est long de 1400 m et large de 5.
Plan du tunnel :
Dès le début
de la bataille de Verdun, le train ne circule plus. Des troupes françaises
viennent tout naturellement s'y abritent pour se protéger du furieux
bombardement allemand. Plus tard, la totalité
du tunnel est aménagée : un dépôt de munition
est constitué, des cabanes en tôle et en bois sont construites;
des couchettes ainsi que des latrines sont mises en place.
Très rapidement, la surpopulation,
l'exigüité et l'insalubrité du lieu rendent la vie
très difficile dans le tunnel.
Témoignage de René le GENTIL
: "
... La dynamo qu'on avait installée était trop faible et
ne pouvait fournir qu'un pauvre éclairage, si bien qu'on y voyait
à peine et qu'on manquait à chaque pas de glisser sur le
bout des traverses de la voie ; mais chose pire, l'eau manquait absolument,
car un seul robinet existait au milieu du tunnel ; et ceux qui venaient
la étaient condamnés à rester des 10, voire 12 et
15 jours sans se nettoyer, malgré les pires besognes à accomplir. ... Après les différents services, les hommes s'installaient comme ils pouvaient sur la voie du chemin de fer, dans le noir complet, la vermine et la saleté. Il y avait bien eu un timide essai de cadres treillagés qui avaient servi de couchettes, mais ils étaient défoncés, abîmés, et les divisions se succédant rapidement, hélas ! nul ne s'inquiétait de les remplacer ; toutefois, voulant dégager le bas, le génie du secteur avait commencé l'installation, à mi-hauteur du tunnel, d'un premier étage en plancher, là gîtaient les territoriaux ; mais comme il n'y avait pas de place pour tout le monde, cela ne faisait qu'augmenter encore, pour ceux qui étaient dessous, le grabuge infernal et la saleté qu'on n'avait plus seulement aux pieds, mais encore sur le tête; car, par les planches mal jointes, la terre tombait sur ceux qui se trouvaient là." Témoignage du docteur
Léon BAROS, aide-major au 217e R.I. : "
Nous arrivons à l'issue est du tunnel de Tavannes.
Ainsi, durant toute la bataille de Verdun,
des milliers d'homme vont faire une halte plus ou moins longue dans le
tunnel de Tavannes. Chaque jour 1500 à 2000 hommes s'y entasseront.
Historique du tunnel : 22 juin 23 juin Mois de juillet Mois d'août 4 septembre A 21 h 15, une formidable explosion se
produit, comprimant en une instant les poitrines de tous les êtres
vivants présents dans le tunnel. Les flammes qui se propagent rapidement
atteignent le stock de bidons d'essence qui sert à alimenter le
groupe électrogène. Les hommes qui sont parvenus à atteindre la sortie est se trouvent face au bombardement allemand et ne peuvent s'échapper. Cependant, il y a urgence à évacuer cet endroit irrespirable. Un colonel, révolver au poing, menace de tirer sur les malheureux. Dans l'affolement le plus complet, les premiers étant poussés par ceux qui arrivent derrière eux, s'enfuit en tentant de trouver refuge dans les trous environnants. De plus, les Allemands qui ont aperçu la nappe de fumée qui est montée très haut dans le ciel, redoublent leur pilonnage sur les entrées du tunnel. Jusqu'à 21 h 45, des groupes d'hommes,
noirs, à demi asphyxiés, sentant la chair grillée,
surgissent par la sortie est et s'enfuient sous les obus. Le brasier continue à brûler durant 2 jours, carbonisant les 100e de cadavres jonchant le sol. Lorsque plus tard, on pénètre dans le tunnel, on ne retrouve rien que des cadavres qui partent en cendre dès qu'on les touche. Seulement 30% en moyenne peuvent être identifiés. 500 à 600 homme ont péri dans cette catastrophe : officiers et soldats du 1er et du 8e génie, des 22e, 24e et 98e régiments territoriaux ; des médecins majors et des infirmiers régimentaires des 346e, 367e, 368e et 369e R.I. ; des blessés qui, couchés sur des brancards et se sentant en sécurité, attendaient leur évacuation. Aucun journal ne parla de cette tragédie
Finalement, l'armée allemande ne
parvient jamais à atteindre le tunnel de Tavannes. L'attaque française
du 24 octobre repousse une 1ere fois la ligne de front.
L'entrée ouest du tunnel de nos jours :
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