Journée calme selon
les communiqués officiels. Cela veut dire qu'il n'y a pas eu de
grandes attaques, mais simplement des altercations locales. Pas de bombardement
général mais des pilonnages locaux et alternés.
La voie Sacrée : Il existe 4 voies permettant
de rallier Verdun par l'arrière :
Cette voie traverse Bar-le-Duc,
Naives, Erize-la-Brûlée, Rosnes, Erize-la-Grande, Erize-la-Petite,
Chaumont-sur-Aires, Issoncourt, Hieppes, Souilly, Lemmes, le Moulin-Brûlé,
Regret et entre à Verdun par le faubourg de Glorieux.
Dés le début de la bataille, il apparaît clairement au commandement français que cette voie d'accès, hors d'atteinte de l'ennemi, est la plus sûr et la plus adapté pour acheminer un grand nombre de troupes, de minutions et de matériel vers Verdun. Pire encore, si son trafic est interrompu pour une raison ou pour une autre, la bataille est perdu. Dés le 22 février une commission régulatrice est créé afin de d'orchestrer et réguler au mieux le flux de véhicule. Il est décider de faire partir les convois de Badonvilliers afin d'éviter un engorgement total à Bar-le-Duc. Une file ininterrompue de camions de toutes sortes s'engagent alors sur la route gelée et alimente la bataille en troupes fraîches. Dans l'autre sens, une autre
file ramène les combattants vers l'arrière. A cela, vient
s'ajouter les camions de munitions, de vivres, de matériels divers,
les voitures sanitaires, toutes sortes de véhicules des services
des armées, camionnettes de courriers, génies, artillerie,
aviation, camouflage, auto-camion, auto-projecteurs, télégraphie,
radiotélégraphie, etc
qu'il faut bien laisser passer
au milieu des autres. Les munitions arrives par trains dans les gares de Bar-le-Duc, Baudonvilliers, etc et chargées dans les camions. 300 tonnes peuvent être chargées en 3 heures. Lorsque 30 camions sont prêts, ils partent sans tarder vers les dépôts de munition. Il en va de même pour le matériel et les vivres. Les nombreux dépôts sont disséminés dans les villages derrière Verdun, à Heippes, Souilly, Lemmes, fort de Dugny, carrière d'Haudainville, fort de Landremont, fort de Balleray, ect. Ils constituent les bases arrière de la bataille. Ce que l'on va appeler la " noria
" semble s'être bien mise en place et semble bien huilée
durant les premiers jours de combats. Lorsque soudain, le 1er mars, en
milieu de journée, le général Pétain reçoit
un coup de téléphone à son Q.G. de Souilly. Pétain est parfaitement conscient
que si la situation n'est pas rétablie dans 72 heures, c'est un
désastre. L'accalmie relative dont fait preuve actuellement l'armée
allemande ne saurait durer et présage inévitablement un
nouvel effort imminent, sur la rive droite et peu être également
sur la rive gauche. L'arrivé d'hommes, de munitions et de matériel
doit absolument continuer à tourner à sa vitesse maximale Pour rendre la route un peu prêt
praticable, il faut boucher les trous avec des cailloux et passer un rouleau
compresseur. Cependant, aucun tas de pierres n'a été prévu
au bord de la route. De plus, il est impossible de rechercher ces matériaux
au loin, cela prendrait trop de temps et comment les acheminer puisque
la route est bloquée. La noria a donc reprise rapidement mais
une route réparée de façon si précaire est
vouée à s'abîmer très vite, surtout soumise
à un trafic si intense. Pétain donne donc pour finir un
ordre simple, cette réfection ne doit jamais s'arrêter. Elle
doit durer, comme le trafic, 24h sur 24 et aussi longtemps que cela sera
nécessaire. Pétain instaure également un règlement très strict, tout véhicule tombé en panne ou ayant crevé est immédiatement poussé de côté. En parallèle, une section de dépannage est mise sur pied, on improvise au bord de la route des ateliers de fabrication de pièces de rechange, les parcs automobiles de Bar-le-Duc et de Troyes travaillent nuit et jour à la conception de bandages caoutchoutés qui sont livrés dans ces atelier de campagnes. Témoignage du soldat
Louis FEBVRE :
" Ce nom a été donné par Maurice Barrès
à la route de Verdun à Bar-le-Duc qui a joué un si
vaste rôle pendant la bataille en permettant le ravitaillement en
hommes, en vivres et en munitions . Ainsi, tout au long de la bataille, 16
bataillons (8200 hommes) seront affectés à l'entretient
de la route et à l'extraction des carrières. Ils jetteront
entre 700 000 et 900 000 tonnes de pierres sur la route. Toujours à la semaine, tous véhicules
confondus, il sera effectué 1 millions de km sur la voie (soit
25 fois la circonférence de la terre), 90 000 hommes et 50 000
tonnes de matériels seront transportés.
2 mars - Perte du village
de Douaumont De 7 h 30 à 9 h, le bombardement allemand est très violent sur le front de Douaumont - Vaux. Parmi les projectiles, de nombreux obus au gaz. La guerre chimique (Accessible également dans la partie Thèmes) L'ennemi passe à l'attaque dans l'après-midi mais il est stoppé au sud-ouest du bois Chaufour (146e R.I.) et de chaque côté du fort de Douaumont. Durant cette attaque, les vagues allemandes ont été littéralement fauchées par les mitrailleuses françaises causant de très importantes pertes. A 18 h, les Allemands parviennent tout de même à s'emparer d'un élément de tranchée au sud-est du fort de Douaumont. A 19 h 30, ils se portent à l'attaque
du village de Douaumont mais sont repoussés par 2 bataillons du
170e R.I.
3 mars - Tentative française
pour reprendre le village de Douaumont A l'heure H, les 3 bataillons s'élancent et parviennent à reconquérir quelques positions dans le village. Les hommes creusent le sol pour consolider leur ligne. A 20 h et à minuit, le 33e R.I. est attaqué entre le ravin du Calvaire et le village de Douaumont mais il parvient à repousser l'ennemi. La nuit se passe sous un bombardement allemand très violent dans tout le secteur de Douaumont.
4 mars
- Tentative française pour reprendre le village
de Douaumont A 11 h, la totalité des ruines du village sont perdues. Quelques survivants français parviennent à rejoindre les 2e lignes. A 11 h 30, le G.Q.G. français envisage une fois de plus une riposte. 2 nouveaux bataillons du 170e R.I. se portent dans le ravin sud-ouest de Fleury. A 15 h 30, ils se dirigent vers la ferme de Thiaumont. Cependant, pris sous un formidable tir de barrage, ils sont ralentis et n'arrivent qu'à la nuit à la ferme de Thiaumont. Ils viennent renforcer les débris des éléments déjà en place. A 20 h, ils s'élancent à
nouveau sur le village de Douaumont mais dés le début, l'attaque
est enrayée en raison de la violence du feu des mitrailleuses allemandes.
5 mars
Pétain
prend les choses en mains ! Il poursuit son travail en reconstituant
les divisions et les brigades et en formant des " groupements de
commandement ". Il entreprend les démarches permettant le
réarmement des forts des 2 rives, crée des places d'armes,
des dépôts, des cantonnements et trace de nouvelles voies
d'accès.
Témoignage du général
Pétain : "
Je ne cessais de stimuler l'activité de l'artillerie. Lorsque les
agents de liaison des corps d'armée, venue au rapport quotidien
de Souilly, m'exposaient par le menu les combats engagés sur leurs
fronts respectifs, je ne manquais pas de leur couper la parole par cette
interrogation : Cependant, malgré toute l'énergie déployée par Pétain, il doit faire face au Grand Q.G. qui rechigne à mobiliser de lourds moyens sur Verdun. La bataille de la Marne est en préparation et semble plus importante. Ce n'est qu'au compte goute que de nouvelles batteries sont envoyées. Témoignage du commandant P... :
"
Comment peut-on dire qu'au six mars, l'équilibre des forces adverses
en infanterie et en artillerie de campagne, sinon en artillerie lourde,
est réalisé ? On savait à la 2e Armée que
les effectifs allemands accumulés sur le front étaient formidables,
mais, fidèle à la tactique qu'il dû instaurer pour
cacher ses lourdes responsabilités, le G.Q.G. a toujours "nié
Verdun". Si l'on avouait toute l'importance de l'attaque allemande
sur Verdun, on devait, en toute justice, accepter aussi que ce n'était
pas le général Herr qui devait être poursuivi. Il
était beaucoup plus facile de déclarer que Verdun était
une attaque comme les autres ; toutes les fois où un officier de
l'état-major de la 2e Armée allait en liaison au G.Q.G.,
il trouvait au 3e bureau des petits rires goguenards "Ah ! tu vas
encore essayer de nous faire croire à Verdun."
Attaque allemande sur les deux rives 6 mars - Violents combats
sur le Mort-Homme (rive gauche) Rive gauche Témoignage de Léon GESTAS, sergent au 70e R.I.T. : " Au bois des Corbeaux, au début de mars, ça tombait de tous les côtés, on était tué sans même savoir d'où le coup était parti. Le bruit avait couru parmi nos hommes que le bombardement allemand durerait 100 heures et tous attendaient, avec une impatience mêlée d'anxiété, la fin de ces 100 heures. Mais les 100 heures passèrent et le bombardement, loin de diminuer, continuait toujours. Il devait continuer toute l'année. " Le 24 février, un important groupe
ennemi sort du bois des Forges et s'avance vers les positions françaises.
Cependant, il n'hésite pas à regagner ses tranchées
lorsque les 1ers tirs des Français débutent. Il s'agit à
la fois de tester la défense française dans ce secteur et
réaliser une manuvre de diversion visant à perturber
les Français qui sont engagés désespérément
sur la rive droite. Le 6 mars à 7 h, alors que le front
présente déjà un aspect lunaire, un très violent
bombardement allemand d'une puissance encore non égalée
dans ce secteur s'abat sur les ouvrages de Béthincourt, de Forges,
de Regnéville, sur les massifs du Mort-Homme et de la Côte
de l'Oie. Durant l'après-midi, les Allemands continuent leur marche et arrivent au nord-est de la Côte 265. Au soir, les villages des Forges et Regnéville sont tombés ainsi que la Côte 265. De nombreux détachements français ont été faits prisonniers ou ont été anéantis, le 211e R.I. entre autre. Le soir, le front français forme une nouvelle ligne reliant le bois des Corbeaux, le bois de Cumière et le village de Cumière. De nouveaux bataillons montent en urgence renforcer ces nouvelles positions.
7 mars - Perte du village
de Cumières et le bois des Corbeaux (rive gauche) Durant la matinée, le 17e R.I. au sud-ouest et au sud du fort de Douaumont repousse 3 assauts. Jusqu'à 15 h, le bombardement allemand est très violent sur l'ensemble du front, les pertes sont très lourdes du côté français. A 15 h, le 409e R.I. subit une nouvelle attaque sur la croupe au nord de Vaux mais parvient à repousser l'ennemi. A 21 h, 23 h et 0 h 30, 3 retours offensifs allemands sont également mis en échec. Ils sont entrecoupés de violents bombardements qui causent de lourdes pertes dans les rangs du 409e. De l'étang de Vaux aux pentes d'Hardaumont,
le 21e R.I. subit un terrible bombardement. A sud de Vaux, l'ennemi part à l'assaut du bois de Grand-Feuilla tenu par le 86e R.I.. Un violent corps à corps s'engage et se prolonge toute la nuit. Finalement, l'ennemi est repoussé mais les pertes qu'il a causé affaiblissent grandement le front du 86e. Rive gauche Cumières et le bois des Corbeaux
sont défendus par les 211e et 259e R.I. Rappidement, les 2 régiments
sont submergés mais ils se battent avec courage. En fin d'après-midi,
les 2 régiments sont littéralement anéantis. Le bombardement allemand s'abat maintenant
sur le secteur de Regnèville et Chattancourt.
8 mars - Reprise des
2/3 du bois des Corbeaux (rive gauche) - Perte de la moitié du
village de Vaux (rive droite) Sur la position du 17e R.I., les obus laissent la place aux torpilles et aux Minenwefers qui font des ravages dans les tranchées. L'artillerie de tranchée (Accessible également dans la partie Thèmes) A l'issue du bombardement, l'ennemi lance
une puissante attaque avec jets de liquide enflammé. Aussitôt après, l'ennemi porte son attaque au sud-est du fort de Douaumont sur les positions tenues par le 100e R.I. A midi, le front français est enfoncé et l'ennemi pénètre dans le ravin de la Caillette. Sur la gauche, une brèche est également
ouverte à travers le 109e R.I. L'ennemi risque ainsi de prendre
à revers le 1er bataillon du 17e R.I. et il est urgent de la refermer.
Les 11e et 12e compagnies du 17e alors en soutien se portent en urgence
au devant de l'ennemi. Sur le front du 21e R.I., au nord de l'étang
de Vaux (sur les pentes d'Hardaumont), le bombardement allemand a duré
toute la matinée. A 11 h, l'ennemi attaque enfin. Dans le secteur du village de Vaux, tenue
par les 408e et 409e R.I. le pilonage dure depuis 10 h du matin. Dans l'après-midi, les éléments
des 408e et 409e R.I. repoussent
pas moins de 12 assauts allemands. Au ruisseau de Tavannes (dans le secteur
de Damloup), la lutte débutée la veille sur le front du
86e R.I. et qui s'est poursuivie toute la nuit, reprend avec acharnement. Pendant cette journée, les pertes
françaises mais aussi allemandes ont été énormes. La nuit, la neige tombe. Elle est la bienvenue car elle permet aux combattants d'apaiser enfin leur soif intense. Rive gauche Le 92e R.I. aura perdu dans la journée une 100e d'hommes et 10 officiers. Ce même jour, 2 autres assauts allemands sont repoussés, sur les pentes du Mort-Homme et sur les avancées du village de Béthincourt.
9 mars - Pression allemande
sur les 2 rives A midi, l'ennemi attaque sur un large front. Dans les secteurs d'Haudraumont et du bois Albain, les 153e et 201e R.I. tiennent bon malgré de sérieuses pertes. A leur gauche, le 21e B.C.P. est écrasé puis submergé. Les survivants trop éprouvés par le bombardement qu'ils viennent de subir ne sont plus en état de combattre. Sur le front du 17e R.I. (sud et sud-ouest du fort de Vaux), l'ennemi part à 3 reprises à l'assaut mais le tir de barrage français qui est d'une densité et d'une précision terribles le contraint à retourner dans ses lignes. Durant ces 2 jours, le 17e a eu 125 tués et 360 blessés mais des 100e de cadavres allemands gisent devant ses tranchées. Sur le front des 86e, 109e, 408e et 409e plusieurs assauts allemands sont repoussés. Devant le fort de Vaux, plusieurs bataillons
allemands sont parvenus à s'infiltrer en avant des réseaux
de barbelés. Les attaquants sont renvoyés dans leurs positions
sans ménagement. Le fort est alors occupé par la 8e et 10e
compagnie du 71e régiment de Territoriale, commandées par
le lieutenant Albert Chérel. L'officier allemand qui commandait cette attaque avait déjà envoyé un communiqué disant que le fort était pris. Il se trompait de plusieurs mois. Dans l'après midi, le 149e R.I. et les 20e et 21e B.C.P. parviennent à reconquérir une partie du village de Vaux. Témoignage de Julien SANDRIN, sergent
au 11e Génie : "
Dans les attaques de Vaux, en mars, j'ai vu un lieutenant de chasseurs
qui, le bras gauche broyé par un éclat d'obus, continuait
à se battre avec sa main valide.
Au soir, le 27e D.I. (52e, 75e, 140e et 415e R.I.) monte en ligne sur Bevaux. Le 409e R.I. quitte enfin le front, il a perdu 34 officiers et 1 479 hommes. Rive gauche Cependant, il ne peut pas pénétrer dans le village de Béthincourt tenu par le 49e R.I.T. et dans le bois des Corbeaux.
10 mars - Pression allemande
sur les 2 rives - Perte définitive des bois des Corbeaux et de
Cumières (rive gauche) A 15 h, au sud-ouest et sud du fort, l'attaque reprend sur le front du 17e R.I. Les vagues successives de l'ennemi viennent se briser devant les mitrailleuses françaises. Le 408e R.I. parvient lui aussi à enrayer une attaque allemande mais il a atteint le bout de ses forces. Il est relevé dans la soirée, il a perdu en tués, blessés ou disparus, 26 officiers et 1009 hommes. Dans la nuit, la 42e D.I. (8e et 16e B.C.P.,
94e, 151e et 162e R.I.) relève les restes de la 39e dans le secteur
de Froideterre-Thiaumont.
Joffre rend visite à Pétain
!
Bien qu'il ne jure que part "sa grande
offensive sur la Somme", les événements qui se déroulent
à Verdun l'inquiète. Le général Pétain
lui réclame sans cesse de nouvelles pièces d'artillerie
qu'il souhaiterait voir conservées pour son attaque sur la Somme,
en pleine étude. Après une journée d'entretient
avec Pétain, Joffre promettait de faire son possible pour alimanter
Verdun en canons, et rédigeait le premier ordre du jour historique
de la bataille. Rive gauche A 6 h, une attaque française menée
par des éléments des 92e et 139e R.I. parvient à
s'emparer en une demi heure du bois des Corbeaux tout entier. Dès 8 h, l'ennemi contre-attaque en force le bois qu'il vient de perdre. Jusqu'à midi, tous les assauts sont successivement repoussés. Mais petit à petit, les officiers et les hommes tombent. Privés de munitions, l'étau se resserrant indéniablement, le bois des Corbeaux à peine conquis doit être évacué en début d'après-midi. A la fin de la journée, les bois des Corbeaux et de Cumières sont définitivement perdus. L'ennemi s'installe sur les pentes du Mort-Homme. Le 92e et le 139e R.I. ont subi de très lourdes pertes.
11 mars Vers 19 h, l'ennemi s'empare d'une ligne de tranchées sur la route de Verdun à Etain. Une contre-attaque française échoue ensuite en tentant de la reconquérir. La nuit, " il neige, le vent souffle. Comme les blessés abandonnés doivent avoir froid ! " (Jean Desmond). Rive gauche
12 mars Rive gauche
13 mars
14 mars - Pression allemande
sur le Mort-Homme (rive gauche) Sur les autres secteurs, le bombardement
allemand continuel fait de nombreuses victimes.
Rive gauche Vers 15 h 15, l'ennemi attaque sur le Mort-Homme. Après un 1er échec, il revient à l'assaut et s'empare de la cote 265 et de boyau du Mort-Homme (16e et 98e R.I.). Les pertes sont très élevées des 2 côtés. Par cette avance, l'ennemi avance très près du sommet du Mort-Homme.
15
mars Rive gauche A droite, le bataillon ne parvient pas à progresser et doit reculer en laissant de nombreux morts. Le reste de la journée est passé sous un violent bombardement allemand.
Le 15 mars au soir, le
commandement allemand doit se rendre à l'évidence, sa tentative
de percer éclair sur la rive gauche se solde elle aussi par un
échec. En ce qui concerne la rive droite, la progression
allemande est également stoppée devant le fort et le village
de Vaux. Une tentative d'attaque du fort le 9 mars c'est soldée
par un échec, et seulement quelques maisons à la lisière
du village ont pu être difficilement conquises.
16 mars - Pression allemande
en direction de la côte 304 (rive gauche) Le 17e B.C.P reçoit l'ordre de contre-attaquer et de reconquérir entièrement le village. Cependant, le bombardement allemand est si violent que 1/3 des effectifs sont tués avant de s'élancer. A 20 h 55 et à minuit, 2 attaques
allemandes sont repoussées par les 1er et 3e bataillons du 158e. Rive gauche Dans la nuit, la 40e D.I. (150e, 154e, 155e et 161e R.I.) commence à relever la 25e.
17 mars
- Pression allemande en direction de la côte 304 (rive gauche) Rive gauche
18 mars A 12 h 30, le 140e R.I., en ligne de l'étang de Vaux à la redoute de Douaumont repousse également une forte attaque. Rive gauche
19 mars
Rive gauche
20 mars -
Pression allemande en direction de la côte 304
- Perte du bois de Malancourt (rive gauche) Rive gauche A 14 h 30, les vagues allemandes débouchent
devant le bois et percent les lignes françaises sans grandes difficultés
! Il semblerait que certaines troupes françaises se soient délibérément
rendues à l'ennemi. Les Allemands s'emparent donc de la partie
centrale du bois puis se rabattent à droite et à gauche
afin de s'étendre et poursuivre leur progression. Rapidement, le
P.C. de commandement au sud du bois est encerclé et presque toute
la brigade et faite prisonnière. Au soir, la situation françaises
est tragique, le bois est pratiquement perdu et environ 2500 soldats Français
ont été fait prisonnièrs. Les Allemands se sont rendu
maître de positions qui enveloppent le saillant français,
village de Malancourt-village de Haucourt-côte 304.
21 mars
- Pression allemande en direction de la côte 304 (rive gauche) Rive gauche A 4 h 30, les troupes françaises (3e, 105e, 111e, 121e, 139e, 141e et 258e R.I) s'élancent sur le bois mais la progression est très difficile et les positions restent inchangées. Dans le secteur des villages de Haucourt
et de Malancourt, le bombardement allemand est intense.
22 mars
- Pression allemande en direction de la côte 304 (rive gauche) Rive gauche En fin de journée, l'ouvrage R2 à l'ouest du bois Camard tombe également aux mains de l'ennemi.
23 mars
- Pression allemande en direction de la côte 304 (rive gauche) Rive gauche Tard dans la nuit, l'ouvrage R2 est reconquis par une compagnie du 163e R.I.
Du 24 au 28 mars
- Pression allemande en direction de la côte 304 (rive gauche) Dans l'après-midi du 28, un important groupe ennemi parvient à s'infiltrer dans plusieurs maisons du village de Malancourt (Rive gauche). A la tombée de la nuit, le groupe part à l'assaut et parvient à s'emparer de l'ouvrage Braconnot ainsi que du réduit de Malancourt. Par cette manuvre, il coupe toutes les communications du 163e vers l'arrière. Les éléments du 163e R.I. encerclés se défendent toute la nuit mais succombent sous le nombre. Le soir, 4 bataillons (2 du 157e et 2 du 210e) et quelques éléments du génie reçoivent la mission de reprendre le réduit d'Avocourt. Ils partent de la forêt de Hesse vers leur base de départ et marchent toute la nuit.
29 mars Rive gauche Jusqu'au soir, l'ennemi tente à 5 reprises de reconquérir le terrain qu'il vient de perdre mais n'y parvient pas. Le butin français a été important : des prisonniers, de nombreuses mitrailleuses, des canons de tranchées et, chose qui frappe les soldats français et en dit long sur l'organisation allemande, une vache et 2 cochons. Durant la journée et la nuit, la
11e D.I. (26e, 34e, 69e et 79e R.I.) relève les restes de la 76e
(157e, 163e, 210e et 227e R.I.) à l'est du boyau de la Garoupe. Afin de mieux se représenter l'état
du front et les conditions de combat en cette fin de mars sur la rive
gauche de la Meuse, voici le récit du caporal-mitrailleur BLAISE
du 26e R.I. qui monta en ligne du 29 mars et fut évacué
de 8 avril : Cette nuit passe vite et sans incident. Tout le jour suivant, le casque barbouillé de boue, sans gestes rapides, j'observe le terrain. Nous dominons trois lignes allemandes sur les pentes du bois. Les Boches, assis sur leurs parapets, semblent admirer derrière nous le tir de leur artillerie. La deuxième nuit, vers 9h1/2, ils semblent se mouvoir vers nous. J'alerte mes trois camarades et la pièce braquée, le mousqueton armé, j'attends l'attaque, mais rien. Sans aucun ravitaillement depuis deux jours, rien de chaud au corps, je suis privé d'eau pour ma bouche, non guérie d'une ancienne blessure et qui s'infecte. La dysenterie me prend et il faut avoir vécu des jours entiers, assis ou debout dans un trou humide au milieu d'odeurs épouvantables, pour savoir ce qu'est la vie d'un soldat perdu entre les lignes de Verdun. A la tombée de la nuit, j'envoie mon chargeur Jacquier au ravitaillement avec ce mot : "1° Malade ; si pas ravitaillé, me relève d'office ; 2° J'observe que les Allemands travaillent tous les soirs de 22 heures à 4 heures, parallèlement au ravin à contre-pente et sur environ 400 mètres de longueur. Signé : Blaise, pièce 3 836. " A 11 heures, Jacquier revient avec des macaronis froids, de la viande sauce au vin, et, comme boisson, du vin et de l'eau. A 1 heure du matin, je me rends compte que mon mot a déjà porté ; voilà que tout à coup un déluge de 75 et de 105 prend d'enfilade le ravin et même notre secteur. Nous nous jetons dans nos trous et jusqu'au matin nous entendons les blessés allemands qu'on transporte et qui hurlent. Depuis quatre jours, nous sommes enfouis dans nos trous. Nous utilisons une boîte de sardines pour verser lentement nos excréments en dehors des trous. Je sens ma résistance diminuer, mais je ne songe pas à quitter mes camarades ; du reste, ce n'est pas le moment. A la nuit Jacquier, ce brave qui devait être tué le 7 retourne au redan, et rapporte la soupe ainsi que l'ordre de rentrer avant le jour avec notre matériel. Nous ramassons-le tout sans incident et quittons ce sinistre lieu, chargés comme des mulets, les jambes raides d'inaction. Il fait noir encore ; les trous de toutes grosseurs se touchent, il faut attendre la chute des fusées pour s'aventurer dans ce chaos ; nous mettons une heure pour faire 350 mètres environ et en arrivant devant le réseau, il nous faut crier et jurer pour nous faire reconnaître car nous sommes salués par les rafales de nos mitrailleuses ; la consigne est sans pitié. Arrivé près de la deuxième pièce en position, j'ai à peine posé caisse et paquetage que je suis pris de défaillance. Mon collègue et frère d'armes Boittiaux, chef de la 2e pièce, me ranime avec un peu de mirabelles qu'il sort d'un colis parvenu la veille à mon adresse, puis, allongé dans mon petit abri, j'éprouve un grand soulagement pour mes pauvres jambes quatre jours repliées. Nous sommes le 5 avril. A 9 heures du matin, commence le terrible pilonnage ; sans arrêt, jusqu'au 7, à 5 heures du soir, ce sera un volcan de terre et de feu qui s'abattra sur les occupants, réduits à environ 40 hommes sur 200. Durant ce déluge, rampant à gauche, à droite, et parfois bien en avant des fils de fer détruits, j'ai pu déterrer, trop tard souvent, des camarades meurtris et même étouffés sous le parapet. A mon tour, je suis enterré et déterré par les camarades. Le 7, toujours même vie affreuse. Je vais en avant à plus de 200 mètres à travers la boue, pétrie par endroits de chair verdâtre. J'écume de la bouche comme un chien. Vers 17 heures, tout à coup, le pilonnage se porte sur nos derrières et dans l'immense soulagement que procure cette surprise et aux cris de "les Boches !" tous ces hommes, vrais démons, se jettent sur le reste des parapets, prêts au dernier sacrifice. Il n'y a plus de pensées pour personne. A 200 mètres, les Boches, en colonnes pressées, avancent en suivant les replis du terrain. Ma pièce est détruite, celle de gauche crache ; les grenades sont avancées par le lieutenant Sauvageot ; le capitaine Bernage, blessé, un fusil en main, hurle et outrage l'ennemi. Les hommes en font autant. Saisis par une semblable résistance, leur première vague et leurs lance-flammes abattus, les Boches hésitent et garnissent les trous. Cependant, ils ont des chefs de valeur car, à trois reprises différentes, peu suivis des hommes, plusieurs de ces chefs se font abattre à bout portant. Vers 17h30, sur la droite, les Boches progressent et nous organisons un barrage de sacs et de matériaux. C'est là qu'une énorme explosion me laisse sans connaissance, à moitié enterré, près de mon brave Jacquier, tué. A gauche, Boittiaux, chef de la 2e pièce, ayant eu deux tireurs hors de combat, avait sauté sur la pièce pour la servir, mais avait été tué d'une balle en pleine tête. Je revois encore ce brave petit gars du Nord tombé à la renverse, le casque plein de cervelle. Je voudrais que les siens à Lille sachent comment il est mort et quelle affection nous avions l'un pour l'autre, nous les deux chefs de pièces, tous les deux gueules cassées car, comme moi, il avait une forte balafre par balle à la joue droite. Amené au P.C. du bois Camard, je pars au petit jour, en me traînant, en direction d'Esnes. Je fus évacué sur Château-Chinon, à l'air pur et calme du Morvan, du sang plein les yeux, les reins malades, la face blême, les cheveux blancs. Je me remis au bout d'un mois de soins et revins à mon dépôt, à Mâcon, mais je garde toujours des traces d'irritabilité, et, à quarante ans, je suis un vieillard. "
30 mars - Abandon par
les Français du village de Malancourt ainsi que du bois Carré
(rive gauche) Rive gauche
31 mars - Perte du village
de Vaux (rive droite) De 15 h 30 à 17 h, l'ennemi attaque à 5 reprises au nord-ouest de l'étang de Vaux tenu par le 10e B.C.P. La 3e compagnie résiste énergiquement mais doit céder sa 1ère ligne. Elle est ensuite reprise par une contre-attaque de la 2e compagnie jusque-là en réserve. En même temps, 3 bataillons allemands
s'élancent sur le village de Vaux sur une largueur de 800 m, 3
compagnies françaises sont encerclées. Elles luttent jusqu'au
bout de leurs forces mais sont anéanties. La partie encore française
du village de Vaux tombe ainsi aux mains de l'ennemi ainsi que les tranchées
qui le bordent. Rive gauche
En
de nombreux endroits, la situation des hommes est tragique. Chassés
et isolés par l'avance ennemie, ils s'accrochent au terrain au
hasard, bloqués entre la ligne ennemie et le tir de barrage allemand. Extrait du livre " Verdun " de Georges BLOND : " Les journalistes, les auteurs de manuels d'infanterie, les officiers descripteurs de la guerre appelaient cela ; un trou d'obus aménagé. Le mot aménagé ne convenait guère à ce qui avait été un creusement hâtif et même haletant dans la nuit à la lueur des fusées et des fusants ; les occupants n'étaient même pas sûrs qu'il se fût agi, à l'origine, d'un trou d'obus ; peu importait aussi de savoir comment s'étaient retrouvés là ensemble six hommes et un capitaine. A certains moments, la violence du déchaînement avait été telle qu'on ne pouvait même pas crier ; l'air empesté par les gaz des explosions suffoquait, déchirait la poitrine ; la terre tremblait sous les pieds. Maintenant, c'était une espèce d'accalmie étrange. On sentait toujours la terre secouée, mais pour ainsi dire régulièrement. Le tir de barrage allemand tombait sur l'arrière du trou, à peut-être deux cent mètres ; le tir de barrage français tombait sur l'avant, à trois cent mètres environ au-delà de ses lignes et les hommes, Français et Allemand, terrés, dans les trous devant les lignes, se trouvaient encagés, face à face
le capitaine s'appuyait sur la paroi oblique du trou, guettant par l'un
des créneaux rudimentaires
des sillons de larmes marquaient
son visage noirci. Le capitaine avait pleuré peu auparavant, non
de désespoir, mais en vomissant. Il avait vomi, une fois de plus,
à cause de l'odeur. Depuis quatre jours ces hommes n'avaient mangé
que du singe et ils n'avaient eu ni vin ni eau potable depuis quarante-huit
heures. Tous souffraient de dysenterie.
Les
fantassins dans le trou, encagés entre les barrages des deux artilleries,
souffraient de la dysenterie et aussi de la soif. Le froid moins cruel
qu'une semaine plus tôt était tout de même assez vif.
Il n'empêchait pas la soif. Sur toute l'étendue du champ
de bataille de Verdun, depuis que la neige avait fondu, la soif était
l'ennemie numéro un ; impartiale, brûlant la gorge des Français
et des Allemands indistinctement
Pour le moral des
troupes, la qualité constante du ravitaillement, en dépit
des conditions difficiles, a joué un grand rôle.
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