Rive droite
:
1er
août - Attaque allemande sur Vaux-Chapitre et Dicourt
Si nous devions résumer en quelques mots les 6 mois qui viennent
de se dérouler, nous dirions " L'assaillant n'a pas pu
passer... "
Depuis le 13 juillet, les Français sont entrés dans leur
phase offensive et ont débutés leur lente reconquête.
Un nouveau souffle s'est propagé dans toute la France, chaque citoyen
comprenant qu'une étape importante vient d'être franchie.
Ce souffle d'espoir ne s'est pas arrêté aux frontières
du pays, comme l'écrit le général Pétain :
"
Le rayonnement de notre prodigieuse résistance dépassait
le cadre du pays et l'espoir renaissait partout dans les camps de la coalition.
Que ne pourraient faire, pensait-on, les Alliés réunis,
quand la France, seule, obtenait de tels résultats ?
Des adresses laudatives ne cessaient d'arriver à Chantilly des
capitales et des quartiers généraux des pays amis. L'Angleterre,
la première, s'associait à notre satisfaction
Le général
Cadorna, en visite sur le front français, admirait " la sereine
ténacité de nos troupes ". Les députés
d'Italie acclamaient l'armée française, affirmant que celle-ci
venait de sauver l'Europe. Le prince Alexandre de Serbie, après
avoir vu le champ de bataille de Verdun, faisait part de son enthousiasme
au Conseil des ministres. Notre ambassadeur à Pétersbourg
recevait, de nos grands alliés de l'est, les témoignages
d'admiration les plus touchants et la promesse d'une prochaine et très
active collaboration. "
Cependant, la bataille est loin d'être
terminée. La main est passée du côté Français
mais la mort et les souffrances vont encore être le lot commun des
combattants de Verdun durant les 5 mois à venir, jusqu'à
la mi-décembre. La conclusion ne sera trouver que l'année
suivante, de juillet à septembre 1917.
Depuis le 29 juillet, les
tirs d'artillerie de préparation allemands s'abattent sur les 1ères
lignes françaises.
A 9 h, les Allemands s'élancent
entre l'arête de Vaux-Chapitre et la ferme de Dicourt. Ils ont face
à eux des éléments de la 15e D.I. (10e, 27e, 56e
et 134e R.I.) et de la 154e D.I. (41e B.I.C., 43e R.I.C., 413e et 414e
R.I).
A 9 h 30, ils atteignent le bois de Vaux-Chapitre
et se heurtent aux 2e et 3e bataillons du 27e R.I. Après ½
h de combat à la grenade, ils sont contraints à reculer.
Ils tentent alors une percée en direction du ravin des Fontaines
et du Chénois où sont en ligne 2 bataillons du 413e. La
lutte est acharnée. Les hommes du 413e finissent néanmoins
par être enfoncés mais refusent de se rendre. Pratiquement
la totalité des 1500 hommes qui composent les 2 bataillons sont
anéantis, mitraillés ou brûlés vifs par les
lance-flammes de l'ennemi.
La disparition des éléments
du 413e oblige le 41e R.I.C. en ligne au Chénois à se replier
car sa position devient intenable. Il se retranche à 100 m à
peine de l'entrée est du tunnel de Tavannes.
Sans tarder, le 1er bataillon du 27e R.I.,
en réserve au fort de Souville, est envoyé à la contre-attaque
dans le secteur de la Haie-Renard et du bois de la Laufée. A midi,
la 1ère compagnie et un peloton de la 2e s'élancent sous
les rafales de mitrailleuses. Elles ne peuvent progresser bien loin et
se replient sur leur point de départ.
Témoignage de Ch. CAUTAIN : "
Brochard court dans la tranchée, soutenant de sa main valide son
bras à moitié déchiqueté. Le sang coule comme
l'eau d'un robinet. Il va, sans un mot, sans une plainte. Aura-t-il la
force d'aller au poste de secours ? où est-il d'ailleurs, ce poste
de secours ? Personne ne le sait. "
Au même moment, la Haie-Renard est
réoccupée par le 1er bataillon du 10e R.I. Il s'est tout
abord, voyant le replie dangereux du 413e R.I., dirigé vers la
batterie Est de Souville. Constatant ensuite que l'ennemi progressait
toujours en direction du ravin des Fontaines, il s'est porté à
travers les gaz asphyxiants sur la croupe de la Haie-Renard pour contre-attaquer
et rétablir une situation dangereuse. Par ce mouvement périlleux,
les 2e, 3e, 6e compagnie et la 1ere compagnie de mitrailleuse obtiendront
une citation.
Plus à l'est, l'ancienne batterie
est réoccupée par le 41e Colonial.
Les combats pour conserver ses positions
respectives se poursuivent tout l'après-midi.
Durant la nuit, 2 compagnies du 414e sont
envoyées sur les positions qu'occupaient le matin même les
2 bataillons du 413e. Une fois face à l'ennemi, les 2 compagnies
lancent une contre-attaque et reprennent les lignes. Elles poussent même
leur progression 100 m au delà.
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2 août - Contre-attaque
française sur Fleury et ses alentours
La situation se stabilise dans la matinée.
A 13 h, le 3e bataillon ainsi que les 5e
et 6e compagnies du 2e bataillon du 56e R.I. s'élancent à
l'attaque de Fleury.
Au bout de ¼ d'heure de combat, les 2 compagnies du 2e bataillon
ont atteint l'ouvrage sud-est de Fleury. Elles le dépassent et
font plus de 100 prisonniers.
Le 3e bataillon reste bloqué dans le ravin de la Poudrière,
confronté à un sévère barrage à la
grenade. Vers 18 h 30, après
un vif combat, le 3e bataillon parvient à enfoncer la ligne allemande
et à revenir à la hauteur des 2 compagnies du 2e bataillon.
De leur côté, le 3e et le
2e bataillon du 10e R.I. s'élancent vers la station de Fleury.
Ils ont devant eux 1000 m de terrains découverts et balayés
par un tir de barrage allemand extrêmement violent. Après
une traversée périlleuse, les hommes se ruent sur l'ennemi,
baïonnettes en avant. Vers 18 h 30, la première ligne allemande
est prise puis la seconde à 80 m derrière la première.
De très nombreux ennemis sont capturés.
Départ de cette attaque par le 10e R.I. le 2 août
Par cette action, le 10e R.I. a réalisé
une avancée exceptionnelle, son extrême gauche se trouvant
approximativement à 120 m à l'ouest, en avant de la station
de Fleury.
Lorsque dans la nuit, il tire des
fusées éclairant pour signaler ses nouvelles positions,
l'arrière refuse d'y croire. Il faudra que descendent des 1ères
lignes les 100es de prisonniers Allemands pour que l'évidence soit
enfin reconnue.
C'est durant cette journée
que c'est déroulé l'épisode du coureur Marche.
Témoignage du colonel Lebaud, du 130e R.I. : "
Fernand Marche appartenait au 130e régiment d'infanterie (régiment
de Mayenne) que j'avais l'honneur de commander à la bataille de
Verdun. Le régiment était en ligne, en face et à
200 mètres environ de l'ouvrage de Thiaumont occupé par
les Allemands. Mon poste de commandement se trouvait à environ
30 à 40 mètres en arrière du saillant que formait
ma ligne en face de l'ouvrage ; il était placé trop en avant
pour pouvoir assurer mon commandement dans de bonnes conditions, mais
l'emplacement m'avait été imposé de l'arrière,
sur la carte.
La compagnie de Marche (1re) fournissait les coureurs chargés de
porter les plis et les messages téléphoniques des carrières
de Bras, où se trouvait le terminus du téléphone
(on ne pouvait pousser plus avant la ligne à cause du marmitage
qui coupait constamment les fils) jusqu'à mon poste, à environ
1800 mètres de là, à travers un terrain chaotique
à parcourir aux allures vives. Piste jalonnée de cadavres
de coureurs frappés dans l'accomplissement de leur mission. Quelques
relais sur cette piste, enfouis dans des trous d'obus.
Le 1er août 1916, un ordre sous enveloppe fermée arrive de
la division aux carrières de Bras, pour moi. Le lieutenant Belair
chargé, aux carrières de Bras, d'assurer et d'orienter les
communications, demande parmi les coureurs disponibles un volontaire pour
aller jusqu'à moi sans s'arrêter aux relais. Pourquoi ? Sans
doute parce que Belair jugeait que le pli qu'il sentait important arriverait
plus vite ainsi. Impossible d'avoir le témoignage de ce brave officier,
mort de la grippe en 1918. Bref, Marche se présente comme volontaire.
Il part et est tué en route.
Plus tard, un autre coureur me tombe dans les bras, essoufflé,
en nage (comme ils arrivaient tous) m'apportant une autre communication,
puis, ensuite, me remet l'enveloppe contenant l'ordre qu'aurait dû
m'apporter Marche, froissée, maculée de sang, en me disant
: " Mon colonel, voici, de plus, un pli que j'ai trouvé en
route. Mon camarade Marche, tué sur la piste, le tenait dans sa
main crispée, le bras en l'air. "
Sur le moment, le fait me frappa assez pour que je l'aie noté sur
mon carnet d'impressions. Mais cependant, je n'en fus pas ému au
point de conserver par devers moi, comme souvenir, l'enveloppe maculée
de sang (ce que je regrette aujourd'hui) ni de demander son nom à
ce coureur suivant. Il est d'ailleurs probable que le pauvre garçon
a fini comme tant d'autres fantassins de la ligne de feu. Il faut dire
que j'avais à panser à trop de choses à la fois et
que les actes d'héroïsme que l'on me signalait entre-temps
étaient nombreux. "
En 1925, un monument est érigé
à la mémoire du coureur Fernand Marche. Il se trouve à
Bully-les-Mines, devant la porte d'entrée n°1 de la compagnie
des Mines ou travaillait Marche avant la guerre. Il est l'initiative de
M. Louis Mercier, directeur général de la compagnie.
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3 août
- Contre-attaque française sur Fleury et ses alentours - Reprise
de l'ouvrage de Thiaumont
A 9 h, le 414e R.I. attaque en direction
de la cote 359 et parvient à reprendre quelques positions à
l'ennemi.
Le 96e R.I. dans le secteur de la Marguerite, s'empare de la ligne Dépôt-Batterie
C.
A 15 h 10, conjointement, les 21e et 23e compagnies du 6e bataillon du
207e attaquent l'ouvrage 1390 en haut du ravin des Vignes. A 15 h 30,
l'ouvrage est repris et 143 Allemands (dont un capitaine) avec 4 mitrailleuses
sont faits prisonniers.
A 17 h, les 21e et 23e compagnies reçoivent
l'ordre de pousser l'assaut sur Fleury. Le village qui est déjà
soumis à plusieurs affrontements en ses alentours (56e et 10e R.I.)
depuis 2 jours, est repris presque sans résistance.
Le village de Fleury en août 1916
S'abat alors sur le village, dans l'heure
qui suit, un violent bombardement allemand de tous calibres. Les 2 compagnies
du 207e R.I. qui occupent le village ne peuvent plus tenir leur position.
Mais au lieu de se replier, elles chargent à nouveau vers l'ennemi.
Elle parcourent ainsi 700 à 800 m en poursuivant les Allemands
qui s'enfuient. Le terrain réoccupé est aussitôt organisé.
Le 9e R.I. a également participé à la reprise de
Fleury en intervenant à la droite du 207e.
A 18 h, la 7e compagnie du 96e R.I., profitant
du mouvement de flottement dans les lignes allemandes, part à l'attaque
de l'ouvrage de Thiaumont et parvient à le reprendre en faisant
40 prisonniers. Elle l'organise immédiatement. Ensuite, une section
commandée par le sergent Hervé parvient à s'avancer
jusqu'à la tranchée Wagner et y fait 80 prisonniers.
A 20 h, le 414e part de nouveau à
l'assaut et atteint la corne sud de la Haie-Renard, la pointe de Retegnebois
et les abords de la cote 359, dans la Vaux-Régnier.
Durant la nuit, le 134e R.I. s'empare du
talus du chemin de fer, à la lisière sud-est de Fleury.
Toute la journée, le 10e R.I. a
organisé les positions qu'il a repris la veille. Il y repousse
assez facilement une attaque dès 4h du matin. Cela fait 8 jours
qu'il est en ligne, et pratiquement tous les jours, il a livré
des combats !
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4 août
- Contre-attaque française sur Fleury et ses alentours - Attaque
allemande sur l'ouvrage de Thiaumont
Le général Nivelle fait savoir son désir de poursuivre
à tout prix la reprise des attaques.
Ainsi, 2 bataillons du 65e
R.I., alors en réserve à Belrupt, sont réquisitionnés
et se portent en soutien à la Haie-Renard occupée par la
15e D.I. (10e, 27e ,56e et 134e R.I.)
La 27e D.I. (52e,75e, 140e et 415e R.I.) relève la 154e D.I. (41e
B.I.C., 43e R.I.C., 413e et 414e R.I).
Le 30e R.I. relève le 99e dans le sous-secteur de Dicourt.
Dès l'aube, l'ennemi part à
l'attaque en direction de l'ouvrage de Thiaumont qu'il a cédé
la veille au soir au 96e R.I.. L'attaque est très violente et les
pertes sont importantes pour les 5e, 6e, 7e et 11e compagnies du 96e.
Cependant, dans un effort ultime, l'ouvrage et son saillant parviennent
à être conservés.
Cependant, les éléments
du 96e qui tiennent la position plus à droite sont submergés
et se replient sur la ligne Dépôt-Batterie C. En quelques
jours, le 96e R.I. qui était étalé sur un front de
800 m de large et 1000 m de profondeur, a fait 500 prisonniers, a perdu
1285 hommes de troupe et 36 officiers.
Une seconde attaque sur le village de
Fleury rend le village aux Allemands, mais leur situation est précaire.
En milieu de matinée, le 2e bataillon
du 81e R.I. reçoit l'ordre de se rendre à la batterie 1295,
située dans la branche gauche du ravin des Vignes. Le 1er bataillon
doit quant à lui gagner la branche droite du ravin. Selon l'ordre,
ce mouvement réalisé en plein vers Fleury doit être
accompli "
à n'importe quel prix ".
Malgré un violent tir de barrage puis des tirs de mitrailleuses
venant du village de Fleury, les 2 bataillons parviennent à atteindre
avant la nuit leur position respective. Cependant, les pertes ont été
lourdes.
Témoignage de Etienne-Justin RAYNAL,
sergent mitrailleur au 81e R.I. : "
De nombreux blessés se massent près de la redoute de l'ouvrage
de Thiaumont croyant y être plus en sûreté et se font
tuer là par les obus. Près d'un blessé qui vient
dans notre direction tombe un gros obus. Un cadavre en décomposition
est soulevé par l'explosion à plusieurs mètres de
hauteur et, en retombant, s'écrase sur le blessé. Le malheureux
vient vers nous en courant. Il est tout couvert de débris humains
et dégage une odeur insupportable. Nous lui crions d'aller au poste
de secours, car nous n'avons rien pour le soigner. Il passe devant nous,
en hurlant et s'en va au hasard ; il a sans doute perdu la raison.
Quelques instants après, un jeune approvisionneur de notre compagnie
saisit une hache et s'en va dans la direction des Allemands en criant
: "Je veux tuer des Boches, il faut que je tue des Boches."
Le malheureux avait lui aussi perdu la raison. "
Durant la journée, le 10e R.I. a
subit 5 bombardements successifs par obus toxiques et a repoussé
2 nouvelles contre-attaques.
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5 août
- Contre-attaque française sur Fleury et ses alentours - Attaque
allemande sur l'ouvrage de Thiaumont
Par les mouvements exercés depuis le début du mois, la moitié
du terrain perdu depuis le 13 juillet a été reconquis. Une
ligne continue bien que peu dense, s'accroche aux pentes jusqu'à
l'ouvrage de Thiaumont.
L'ouvrage de Thiaumont
A 7 h, l'ennemi tente une nouvelle attaque
à la Haie-Renard, tenue par le 10e et le 56e R.I. 3 bataillons
allemands s'élancent mais sont repoussés.
Le 1er bataillon du 20e R.I., en liaison avec des éléments
du 81e R.I., lance une attaque face à lui. Il parvient à
atteindre la route Thiaumont-Fleury, 700 m en avant. En ligne depuis le
22 juillet, le 20e R.I. a perdu 24 officiers dont 17 blessés, 1100
hommes dont 750 blessés.
Le 4e Zouaves qui a relevé le 27e
R.I. durant la nuit, se trouve est en ligne au ravin des Fontaines et
subit un violent bombardement. A 7 h 40, l'ennemi s'élance sur
lui en 4 vagues successives. Bien que sur les autres positions les compagnies
résistent, la gauche, que tient le 4e bataillon, est enfoncée.
L'ennemi s'engouffre dans la 1ère ligne française, la traverse
et dépasse même le P.C. du chef de bataillon.
Une contre-attaque est alors organisée par tous les éléments
en état de combattre (sections de soutien, signaleurs, pionniers).
En 45 minutes de lutte, l'ennemi est refoulé sur ses positions
de départ.
Témoignage
du soldat BOURRICAUD du 323e R.I. : "
Tout le monde fait son devoir ici et c'est peut-être ce qui soutient
le mieux les poilus de Verdun : à Verdun, il n'y a pas d'embusqués.
"
Non loin, la 19e compagnie de mitrailleuses
du 4e Zouaves subit à son tour l'assaut allemand. Cette compagnie
étant arrivée durant la nuit sous le bombardement, ses pertes
sont déjà très lourdes. Lorsque l'ennemi approche,
les mitrailleurs sortent de leurs trous et un sanglant corps à
corps s'engage sur le terrain. Les obus de l'artillerie allemande et française
viennent s'abattre au milieu de cette mêlée creusant de grands
vides. Finalement, les Allemands prennent le dessus et passent la ligne
française.
Dès que l'information est parvenue
à l'arrière, la 17e compagnie, alors en réserve sur
les pentes de Souville, reçoit l'ordre de se porter au secours
de la 19e et de stopper l'ennemi qui progresse déjà vers
le fond du ravin des Fontaines.
Les zouaves de la 17e partent alors à travers un violent barrage
d'artillerie et une formidable fusillade. Soumis à la fois aux
tirs de mitrailleuses venant du bois Fumin et des arrières de la
Chapelle Sainte-Fine.
A chaque instant, un homme tombe. Au bout de 200 m seulement, la 17e compagnie
n'existe plus.
La situation devient de plus en plus critique.
Il est crucial de stopper l'ennemi par tous les moyens possibles mais
plus aucune troupe n'est disponible.
Constatant que désormais, plus aucun renfort ne pourra l'atteindre,
le lieutenant Charles du 4e Zouaves rassemble les quelques hommes qui
lui restent, et tous les ceux qu'il peut trouver au alentour. 17 hommes
en tous (pionniers, sapeurs du génie, cyclistes, téléphonistes).
La petite troupe se porte en avant en rampant et parvient à s'approcher
à 30 m de l'ennemi qui s'est rassemblé dans plusieurs grands
trous d'obus. Subitement, avec un courage remarquable, les hommes se dressent
en hurlant et se lancent sur l'ennemi. Surpris, les Allemands qui pensaient
ne plus trouver de Français devant eux, se rendent aussitôt
en levant les bras (15 hommes) ou s'enfuient précipitamment vers
l'arrière. La petite troupe talonne l'ennemi qui s'enfuit et délivre
quelques survivants restés sur place.
Témoignage
du commandant P. : "
Si l'assaut terminé, la victoire gagnée, la gloire des citations
oubliait trop souvent les sapeurs du génie, c'est que ceux-ci étaient
au combat en de petites fractions réparties entre les grandes unités,
qu'ils avaient joué le rôle de ces invités à
qui l'on ne doit rien, puisqu'ils ne dépendent pas de vous.
L'ingratitude d'un colonel, d'un chef de bataillon, d'un commandant de
compagnie pouvait même se transformer, dans l'esprit du chef, pour
une vertu, puisque en grossissant le capital de son unité avec
les belles actions accomplies par les étrangers de passage, il
contribuait à diminuer l'écart entre les légitimes
récompenses demandées par lui pour ses hommes et les récompenses,
parcimonieuses, il le savait d'avance, qu'on lui accorderait en haut lieu.
"
Jusqu'à la nuit, le lieutenant Charles
et sa troupes font barrage à l'ennemi. En début de nuit,
les Allemands repartent finalement dans leurs positions initiales.
La situation dans le secteur de Fleury
est si confuse et tendue, les lignes si rapprochés, que l'ordre
suivant est donné aux régiments qui l'occupent : "Profiter
de la nuit pour faire une répartition de munitions et se réapprovisionner
en cartouches de fusils et de mitrailleuses et en grenades. Etre sobre
de fusées, surtout de fusées rouges, ne demander le tir
de barrage qu'en cas de nécessité absolue, sans quoi, l'artillerie,
sollicitée de tous côtés, fait des tirs désordonnés.
Pas de tiraillerie inutile, pas de fusée sans motif, très
peu de fusées éclairantes, le calme sur une ligne indique
la bonne tenue d'une troupe. A nos tirs de barrage, les Allemands ripostent
et, de la sorte, les ravitaillements sont longs et difficiles et coûtent
chaque fois des vies humaines ; il faut y penser. Dans les sections qui
ont subi de grosses pertes, il faut organiser des groupes commandés
par quelqu'un d'énergique, fut-il simple soldat. Il faut activer
la relève des morts et des blessés, il ne faut pas laisser
nos braves soldats sans sépulture ou sans soins. Patrouilles très
énergiques et très actives. Travailler activement à
l'organisation de la ligne ; il faut vaincre la fatigue même."
A 20 h, les 1e et 2e bataillons du 81e
R.I. partent à l'attaque et atteignent en 2 endroits la crête
Fleury-Bras.
A 22 h, le 2e bataillon
du 10e R.I. est enfin relevé par le 65e R.I., après 10 jours
de combats.
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6 août
R.A.S. dans la journée.
A la nuit tombée, le reste des bataillons
du 10e R.I. sont relevés à leur tour. Le régiment
a perdu 29 officiers et 898 hommes (133 tués, 545 blessés
et 220 disparus), soit 35% de pertes. Il a avancé de 700 m, pris
la station de Fleury en faisant 532 prisonniers et 12 mitrailleuses. Il
a repoussé de nombreuses attaques et pas un mètre de terrain
conquis par lui n'a été perdu.
Témoignage du lieutenant GUENEAU
du 20/2 Génie : "
La relève, la relève ! Oh ! comme il fait bon vivre ! Les
fantassins que nous croisons et qui quittent eux aussi les tranchées
sont affreux à voir avec leur carapace de boue. Comme la gloire
est fangeuse !
L'un d'eux, d'un faux bond, s'étale, chargé, dans un fossé
plein de boue gluante où il disparaît presque ; il se relève,
riant, gesticulant, pas plus sale qu'avant d'ailleurs. Il s'en fout, c'est
la relève ! "
Témoignage de G.
BRANCHEN, soldat au 405 R.I. : "
La relève. Il était temps. Dans ce régiment d'élites
où, il y a quinze jours, on trouvait dix volontaires pour un, le
cran commençait à manquer.
En sortant des casernes Bevaux, nous croisons un régiment qui monte
en ligne. Ses hommes nous regardent avec des yeux effrayés, ils
nous demandent :
- Quelle compagnie êtes-vous, du 405 ?
- Nous sommes le régiment ! "
Témoignage du soldat
René PIGEAD : "
Se retrouver ainsi à la vie, c'est presque de la folie : être
des heures sans entendre un sifflement d'obus au-dessus de sa tête
pouvoir s'étendre de tout son long, sur de la paille même
Avoir de l'eau propre à boire, après s'être vus, comme
des fauves, une dizaine autour d'un trou d'obus à nous disputer
un quart d'eau croupie, vaseuse et sale ; pouvoir manger quelque chose
de chaud à sa suffisance, quelque chose où il n'y ait pas
de terre dedans, quand encore nous avions quelque chose à manger
Pouvoir se débarbouiller, pouvoir se déchausser, pouvoir
dire bonjour à ceux qui restent
Tout ce bonheur d'un coup,
c'est trop. J'ai été une journée complètement
abruti. Naturellement toute relève se fait de nuit, quelle impression
d'avoir quitté un ancien petit bois où il ne reste pas un
arbre vivant, pas un arbre qui ai encore trois branches, et le matin suivant
après deux ou trois heures de repos tout enfiévré
voir soudain une rangée de marronniers tout verts, pleins de vie,
pleins de sève, voir enfin quelque chose qui crée au lieu
de voir quelque chose qui détruit ! "
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7 août
- Préparation d'artillerie en vue d'une nouvelle contre-attaque
française.
Le Général Nivelle ordonne une offensive importante pour
la journée du 8 août. Il estime qu'elle permettra de rétablir
définitivement la situation. Toute la journée, une importante
préparation d'artillerie est opérée par les canons
français.
Témoignage de J
: "
Relevés cette nuit, nous faisons un arrêt dans la forêt
de Hesse puis dans le bois de Bethelain-ville. Chemin faisant, nous longeons
dans l'obscurité un tas de douilles de 75, sur 500 mètres
de long environ ; un rien !
"
Au bois des Trois-Cornes, le 122e R.I.
repousse 2 attaques. Les 322e, voisin du 122e, en repousse également
2.
Une attaque est tentée sur le village de Fleury par le 2e bataillon
du 8e Tirailleur. Elle ne donne aucun résultat.
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8 août
- Contre-attaque française du bois de Nawé au Chênois
- Attaque allemande sur l'ouvrage de Thiaumont (perte à
nouveau de l'ouvrage de Thiaumont le matin, reprise dans l'après-midi
puis de nouveau cédé aux Allemands le soir)
L'offensive française qu'a demandé la veille le général
Nivelle, s'étend du bois de Nawé à la carrière
du Chênois.
La gauche (bois de Nawé - ouvrage
de Thiaumont) est tenue par la 32e D.I. (15e, 80e, 143e et 342e R.I.)
et quelques éléments de la 19e (48e, 70e, 71e e 270e).
A 5 h, peu de temps avant l'heure H, l'ennemi rassemblé en masse
lance une attaque sur les positions françaises. Supérieur
en nombre, il parvient à reprendre l'ouvrage de Thiaumont puis
à s'infiltrer entre le retranchement Z et la batterie C. Il aborde
ensuite le Dépôt.
Jusqu'au milieu de l'après-midi, les 122e et 71e R.I. répliquent
par de vives contre-attaques.
La confusion la plus totale régne entre les lignes. A 15 h, les
hommes du 71e parviennent à dépasser la batterie C. A 15
h 30, ils réoccupent l'ouvrage de Thiaumont qu'ils sont contraints
d'évacuer à nouveau à 18 h.
Le centre du dispositif est tenu par des
éléments de la 15e D.I. et des éléments de
la 38e (8e Tirailleur, 4e Zouaves, 4e Mixte Z.T., R.I.C.M.). A l'heure
H, les troupes sortent de leurs tranchées et s'élancent
sur les villages de Fleury et de Vaux-Chapitre. L'assaut sur Fleury échoue,
mais vers Vaux-Chapitre, le 4e Zouaves enlève la tranchée
de Montbrison en faisant 43 prisonniers.
A droite (secteur de Tavannes), 2 bataillons
du 75e R.I. attaquent de part et d'autre de la cote 359. Ils n'obtiennent
aucun résultat.
Entre la carrière du Chênois et la Laufée, le 43e
Colonial fait reculer l'ennemi et parvient ainsi à dégager
la sortie est du tunnel de Tavannes.
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9 août
- Riposte allemande sur Thiaumont-Fleury
Au petit matin, le 96e R.I. vient renforcer le 81e R.I. sur la croupe
de Thiaumont. Toute la journée, le bombardement allemand est très
violent sur cette position. Les hommes et leurs officiers tombent les
uns après les autres. C'est grâce au courage de quelques
hommes et à plusieurs mitrailleuses non enterrées et encore
en état de marche que plusieurs assauts allemands parviennent à
être repoussés.
A 10 h, dans le secteur de Retegnebois,
le 75e R.I. part en direction de la route de Souville, du village de Vaux
et de la route stratégique du fort de Vaux. Les pertes sont cruelles,
tant à cause des mitrailleuses ennemies que des tirs trop courts
de l'artillerie française. Plusieurs tranchées allemandes
sont tout de même prises mais aussitôt évacuées
en raison de la violence du pilonnage.
Thiaumont étant de nouveau aux mains
de l'ennemi, le 2e bataillon du 122e R.I., au bois des Trois-Cornes, est
pris à revers par la droite. Toutes les liaisons avec le P.C. en
arrière sont coupées.
Le 71e R.I. est mis en urgence à la disposition de la 31e D.I.
La 2e compagnie de son 1e bataillon doit contre-attaquer face au P.C.
119. Elle part à la charge et reprend le poste de commandement
ainsi que le partie sud de la batterie C. Un bombardement très
violent s'abat ensuite sur les positions qu'elle parvient à tenir.
Les 9e et 11e compagnies du 2e bataillon partent alors pour venir en aide
à la 2e compagnie. Elles le rejoignent sous une pluie d'obus puis
la dépassent et s'emparent des ouvrages X et Y. De nombreux Allemands
sont faits prisonniers.
Dans l'après-midi, les 2 compagnies
poursuivent leur progression en talonnant l'ennemi qui recule. Elles atteignent
les abris C puis à 15 h 30, les abords de Thiaumont. Pour atteindre
cette position, elles ont dû charger à la baïonnette
à plusieurs reprises.
Témoignage de l'adjudant-chef ALLAIRE, du 71e R.I. : "
Adjudant-chef au 71e R.I., j'ai la fierté de dire que les sous-officiers
de ce régiment ont toujours donné l'exemple du plus pur
esprit d'abnégation et de sacrifice. Témoin la conduite
d'un de mes braves compatriotes, l'adjudant Rault, de la 7e compagnie,
dont rend compte en ces terme l'Historique du 71e R.I. :
" On se bat de trou d'obus à trou d'obus. Les officiers comme
les hommes font le coup de feu. L'adjudant Rault, près de son capitaine,
défend avec une dizaine d'hommes un bout de tranchée à
demi-comblée, contre un groupe d'ennemis qui, à 30 mètres
de là, cherchent à s'en emparer. L'adjudant Rault se dépense
sans compter. Il reste debout, insouciant du danger, les yeux fixés
sur l'ennemi. Tout Allemand qui se montre est mis en joue et tué,
mais à son tour Rault est frappé d'une balle qui lui trace
un large et profond sillon sur le face droite du crâne.
Rault se tourne vers son capitaine et avec un rire : " Eh bien !
cette fois, çà y est, mon capitaine, j'ai mon compte ! Est-ce
bien la peine que j'aille au poste de secours ?
Il vaut mieux rester
mourir près de vous
"
Le capitaine refuse de garder près de lui le blessé. Alors
Rault, après avec crié " Bonne chance " à
ses camarades, court au poste de secours, mais l'effort qu'il a fourni
l'a épuisé et il meurt en arrivant. "
De leur côté, les 3 bataillons
du 4e mixte Z.T. s'avancent vers la croupe de Thiaumont-Fleury et réoccupent
les abords du ravin de Vignes.
Dans la nuit, le 134e R.I. est relevé.
Il a perdu 15 officiers et 700 hommes. Il laisse au R.I.C.M. une grande
partie des ruines de Fleury, dont l'observatoire.
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10 août
Duel d'artillerie des 2 côtés. Les tirs sont peu précis
en raison du chaos qui règne entre les 1ères lignes. De
nombreux obus français sont tirés sur des positions françaises.
Témoignage
de A. BARON, caporal au 70e R.I. : "
Du 10 au 15 août, tous les jours, bombardements violents, et tous
les jours, nos canons tirent trop court.
Nous protestons. Un sous-lieutenant d'artillerie vient nous dire qu'il
ne comprend pas que nous nous plaignions du tir de l'artillerie française.
Nous lui montrons simplement un obus de chez nous tombé à
proximité et qui n'a pas éclaté. Il est parti sans
en demander davantage. "
Le haut commandement français,
enfin sensibilisé sur ce problème, ordonne à l'artillerie
que dès le 11, les tirs soient contrôlés et fixés
à l'avance. Cette
Durant la nuit, le 52e R.I. relève
les Sénégalais sur les pentes de la Laufée, au sud
de la Montagne.
Le 48e R.I. monte en ligne dans le secteur de Thiaumont.
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11
août - Nouvelle attaque française sur Thiaumont
Dès l'aube, le 48e R.I. reçoit l'ordre d'attaquer l'abri
118 et la crête de l'ouvrage de Thiaumont. Les mitrailleuses allemandes
sont très nombreuses dans le secteur et la tâche est ardue.
A l'heure H, les 2e et 3e compagnies s'élancent sur la gauche,
malgré de sévère pertes, elles parviennent à
progresser d'une 100e de mètres.
Sur la droite, devant l'abri 118, les 11e et 10e compagnies, ainsi que
2 sections de mitrailleuses, n'ont pas plus de succès. Elles parcourent
également, avec de lourdes pertes, une 100e de mètres à
peine.
Dans la nuit, le 122e R.I. est relevé.
Il a perdu 35 officiers et 998 hommes.
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12 août
Le 70e R.I. monte en ligne dans le secteur de Froideterre et du bois des
Trois Cornes.
Violent bombardement durant toute la journée.
Dans la nuit, le 75e R.I. est relevé.
Depuis le 4 août, il a perdu 685 hommes. Le 140e R.I. prend sa place
dans le secteur de Retegnebois.
Le 143e monte en ligne dans le sous-secteur de la Haie-Renard.
Témoignage
de Georges BOISTARD, signaleur optique au 143e R.I. : "
La ligne de feu est à 25 mètres en avant; on n'aperçoit
rien. Nous nous installons dans les trous d'obus. Interdiction de faire
communiquer, par de petits boyaux, les trous d'obus les uns aux autres
afin que notre ligne exacte ne soit pas repérée par les
avions ennemis."
Avion Fokker Dr. 1
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13 - 14
- 15 - 16 août
R.A.S. dans les communiqués officiels. En réalité,
violent bombardement sur toutes les 1es lignes, importantes pertes.
Témoignage de Marcel PIC,
soldat au 143e R.I. : "
Pendant 5 jours et 5 nuits, et surtout le 14 et 15, ce fut un enfer terrible
de bombardement ; nous étions écrasés par les obus.
Personne ne bougeait ; on attendait la mort, avec la soif, la faim, et
10 centimètres d'épaisseur de mouches que nous avions dessus.
Nous avions assez de travail, avec le bout de la baïonnette, pour
rejeter les morceaux de cadavres qui nous recouvraient chaque fois qu'un
obus tombait tout près. "
Témoignage du caporal
BASTELICA du 4e R.M.Z.T. : "
Le 15 août, le 6e bataillon de tirailleurs du 4e miste Z.T. est
en deuxième ligne en arrière de Froideterre. Du ravin des
Vignes nous arrive une épouvantable odeur de charogne que nous
avions déjà respirée à Avocourt et à
304. Nous la portons bientôt sur nous. Tout ce que nous touchons,
le pain que nous mangeons, l'eau boueuse que nous buvons, sentent la pourriture.
C'est que la terre aux alentours est littéralement truffée
de cadavres... De temsp à autre, un gros noir tombe sur un cadavre
et en éparpille les morceaux dans toutes les directions."
Le 14, la 32e D.I. (15e, 80e, 143e et 342e
R.I.) relève la 38e (8e Tirailleur, 4e Zouaves, 4e Mixte Z.T.,
R.I.C.M.) sauf le R.I.C.M.
Le 16, la 73e D.I. (346e, 356e, 367e et 369e R.I.) est mise à la
disposition du groupement Baret et vient renforcer la 27e (52e, 75e, 140e
et 415e R.I.).
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17 août
- Nouvelle attaque française sur Fleury
Le R.I.C.M. qui tient une partie des ruines de Fleury depuis le 9 au soir,
reçoit l'ordre de prendre d'assaut le village tout entier. L'attaque
est prévue à 18 h.
Dès le matin, l'artillerie française
tire avec acharnement des obus de gros calibres sur le village. De nombreux
avions français survolent le secteur.
A l'heure H, les unités s'élancent en chantant la Marseillaise.
Un combat au corps à corps s'engage qui se poursuit jusqu'à
tard dans la nuit. Les hommes du R.I.C.M. parviennent à pénétrer
profondément dans le village puis à tenir leur position
malgrés une forte contre-attaque allemande. Seule la partie est
du village reste désormais aux mains de l'ennemi.
Toute la journée, la lutte a également
été très dure pour le 143e R.I. dans le secteur de
la Haie-Renard.
Témoignage de Roger COLLOT,
caporal-mitrailleur au 143e R.I. : "
La nuit venue, je quitte ma pièce pour aller aux ordres à
l'autre pièce avec laquelle se trouve le lieutenant. Spectacle
horrible: un obus est tombé sur la pièce et je n'entends
que des cris et gémissements ; tous mes camarades sont tués
ou blessés ; l'ordonnance du lieutenant a les bras arrachés
; le tireur, les jambes hachées ; ils ne cessent de demander du
secours ; hélas ! je ne peux rien faire pour eux ; leurs blessures
sont trop graves."
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18 août
- Reprise du village de Fleury - Importante attaque française du
bois des Trois Cornes à la Laufée
Dès l'aube, le combat du R.I.C.M. sur Fleury reprend. Après
plusieurs charges et plusieurs ripostes allemandes, les hommes parviennent
à enlever les dernières tranchées encore tenues par
l'ennemi. Le village de Fleury est repris. Les
hommes du R.I.C.M. s'activent ensuite à organiser la défense
des positions reconquises.
Le village de Fleury
L'état-major français a prévu
pour 15 h, une importante attaque s'étendant du bois des Trois
Cornes à la Laufée. Les éléments qui doivent
y participer sont le 143e R.I. (qui a déjà beaucoup souffert),
3 bataillons du 140e et 2 du 415e.
Le 143e R.I. doit s'élancer du sous-secteur de la Haie-Renard (secteur
s'étendant du ravin des Fontaines à la route Souville-Vaux).
Ses objectifs sont de reprendre les tranchées de la Haie-Renard,
Sundgau et Viala, puis, avec l'appui de la 5e compagnie du 8e Tirailleur,
de reconquérir l'ouvrage Triangulaire.
Les 2 bataillons du 140e R.I. et les 2 bataillons du 415e doivent ensemble
s'emparer du lieu-dit Retegnebois.
A 15 h, les compagnies du 143e s'élancent
en progressant de trous d'obus en trous d'obus. A gauche, le 3e bataillon
parvient jusqu'à la tranchée de la Haie-Renard où
s'engage un violent corps à corps.
Témoignage du grenadier GODIN,
du 143e R.I. : "
Je marchais avec la 11e compagnie. Nous sommes partis à travers
une fumée telle qu'on ne voyait rien à quelques pas. Il
fallait sauter de trou en trou à travers les obus...
Brusquement le rideau se déchire et nous nous apercevons que, tout
près de nous, protégés par des trons d'arbres, les
tireurs ennemis braquent leurs fusils vers nous. Des camarades tombent.
Chez nos adversaires, il y a également beaucoup de touchés
et leurs rangs s'éclaircissent avec rapidité. Bien qu'ils
soient plus nombreux que nous, nous continuons à avancer en rampant,
profitant de chaque occasion pour tirer une balle ou lancer une grenade.
A force d'avancer, nous atteignons la Haie-Renard. Les Fritz se sont retranchés
en masse là-dedans et nous canardent. Nous ripostons et nous demeurons
vainqueurs de ce duel.
Au cours de l'attaque, j'ai le bras traversé par une balle à
hauteur du coude. Un camarade me fait une ligature et je continue à
tirer sur les Allemands qui avancent en grand nombre. Il fallut une seconde
blessure pour m'arrêter, tant j'étais excité par le
combat. je n'avais que 18 ans alors."
A droite, la 7e compagnie aidée
de la 5e compagnie du 8e Tirailleur s'emparent non sans mal de l'ouvrage
Triangulaire et tentent de nettoyer le boyau de l'Etang.
Vers 16 h 30, des renforts allemands arrivent
et partent aussitôt à la contre-attaque en progressant par
le bois Fumin et le ravin des Fontaines. Les éléments du
143e qui sont alors soumis au feu nourri des mitrailleuses ennemies, sont
contraints à abandonner leurs positions et de reculer. Ils étaient
parvenus à progresser de 800 m dans les lignes allemandes et c'est
pied à pied qu'ils rendent le terrain à l'adversaire.
Finalement, les Allemands ne parviennent pas à réoccuper
leurs positions de départ. Ils tentent une nouvelle contre-attaque
vers 18 h 30 depuis la tranchée Viala mais n'améliorent
pas la situation. Les 2 armées restent accrochées à
des positions précaires qu'elles tentent tant bien que mal d'aménager
et de consolider.
Du côté du 140e et du 415e
R.I., les obus allemands (ainsi que beaucoup de 155 français) sont
très meurtriers avant 15 h. A l'heure H, c'est un effectif réduit
qui s'élance vers Retegnebois.
A gauche, le 2e bataillon est fauché par les mitrailleuses de l'ennemi.
Ses pertes sont énormes, seul 8 hommes reviendront indemnes.
Au centre, le 3e bataillon ne peut sortir de la parallèle de départ.
Cloué sur place par les rafales allemandes.
A droite, le 1er bataillon s'élance et atteint assez rapidement
ses objectifs, sur ce point, l'artillerie française a été
efficace. La 1ère compagnie progresse notamment dans la tranchée
de Fulda et atteint le Petit-Dépôt, la 3e arrive jusqu'à
l'ouvrage Rond. Cette avancée n'a cependant pas été
réalisée sans des pertes sensibles.
A la tombée de la nuit, le R.I.C.M.,
qui est maître du village de Fleury depuis la matin, est relevé
par le 80e R.I.
Dans le secteur de Belleville, la 33e D.I.
(9e, 11e, 20e et 207e R.I.) relève la 30e (40e, 58e, 61e et 240e
R.I.) arrivé à ses limites.
Bien que de nombreuses positions aient
été reprises ces derniers jours, le général
Nivelle estime que ce n'est pas suffisant pour garantir une sécurité
appréciable du front de Verdun. Il prévoit pour les jours
qui viennent la poursuite d'offensives partielles combinées à
la défense active des positions reconquises. Et cela, afin de rétablir
le front tel qu'il se présentait au 23 juin, de Thiaumont à
la Laufée.
Front au 18 août 1916
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19 août
R.A.S. dans la journée.
Durant la nuit, la 73e D.I. (346e, 356e,
367e et 369e R.I.) relève la 27e (52e, 75e, 140e et 415e R.I.)
dans le secteur de Tavannes.
La 17e compagnie du 346e prend position au nord du fortin du Chênois.
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20 août
Dans la journée, les hommes de la 17e compagnie du 346e parviennent
à ébaucher une tranchée peu profonde mais qui leur
permet de résister à 4 attaques allemandes.
Le 3e bataillon du 52e R.I. exécute une attaque face à ses
positions pour tenter d'améliorer sa ligne mais cette action n'apporte
aucun gain.
Témoignage du caporal GUILLAUME,
du 52e R.I. : "
A la fin, nous étions presque mélangés avec les Boches.
Une fois de plus, il a fallu se servir des pauvres morts comme parapets."
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21 août
R.A.S.
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22 août
Le 344e R.I. monte en ligne dans le secteur de la Haie-Renard. Ses ordres
sont de tenir jusqu'au dernier homme.
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23 août
- Reprise de la crête de Fleury
Le village de Fleury enfin repris, le général Nivelle poursuit
son projet d'offensive et de sécurisatrion du front en s'occupant
à présent de la crête de Fleury. Cette position permet
en effet aux Allemands d'avoir une vue plongeante sur le ravin des Vignes,
ce qui rend le secteur très dangereux. Une reconquête de
cette position permettre de sécuriser tout le secteur.
Un régiment du 342e R.I. reçoit l'ordre d'attaquer le crête
à 17 h 30.
La crête de Fleury
Toute la journée, les canons français
pilonnent la crête avec acharnement.
A l'heurer H, les hommes s'élancent
avec ardeur sur les positions de l'adversaire qui a été
très éprouvé par le tir de préparation français.
La progression est rapide, à 18 h, la crête est reconquise.
Les pertes françaises ont été de 265 hommes tués
ou blessés. Elles sont sensiblement égales au nombre de
prisonniers capturés.
Front au 23 août 1916
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24 août
- Riposte allemande sur la crête de Fleury et le village
Toute la journée, l'artillerie allemande bombarde la crête
de Fleury. Les hommes du 342e R.I. qui tiennent la position depuis la
veille, se terrent dans les trous mais les pertes sont lourdes.
En avant des ruines de Fleury, le 80e R.I.
poursuit sa lutte. L'espace qui le sépare des lignes allemandes
est très étroit et le bombardement qu'il subit depuis la
veille au soir touche également les positions Allemandes. Cela
laisse à penser qu'elles ont dû être évacuées
durant la nuit. Les hommes du 80e R.I. se portent en avant et trouvent
en effet les trachées allemandes vides. Ils les occupent sans difficulté,
ce qui leur procure un gain de 200 m.
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25 août
- Riposte allemande sur la crête de Fleury
Au petit jour, le 342e R.I. qui tient la crête de Fleury reconquise
depuis le 23, repousse une forte contre-attaque allemande.
L'ennemi débouche plus particulièrement sur la position
tenue par la compagnie de mitrailleuses.
Malgré leur fatigue, 8 mitrailleurs à eux seuls parviennent
à briser la 1ère vague d'assaut et empêchent la seconde
de sortir.
R.A.S. le reste de la journée.
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26 août
Le 80e R.I repousse 3 attaques allemandes à la grenade.
Témoignage du caporal Henry GILARES, du 80e R.I. : "
Durant cette attaque, nos aviateurs furent d'une crânerie touchant
à la témérité. Certains d'entre eux volaient
très bas, à cinquante mètres et même moins,
sans souci des obus qui pleivaient autour et au-dessous d'eux et allaient
s'acharner contre le ravin de la Mort. On pouvait entendre leur voix.
Quelle émotion nous avons ressentie à cette vue !
Nous les plaigions et nous les bénissions à la fois ! Et
quelle force d'assurance et de tranquilité leur présence
ne nous donnait-elle pas !"
Témoignage
du commandant P. : "
L'aviation apporte aux fantassins un aide matérielle, mais, plus
encore, un réconfort moral. Le fantassin, à qui est réservé
le rôle le plus ingrat, à qui est confiée la mission
la plus dure, a besoin de savoir qu'il n'est pas un paria, que ce qu'il
fait est nécessaire, puisque d'autres hommes viennent volontairement
partager ses misères et ses périls. "
Témoignage de E.
LOUIS, soldat au 25e B.C.P : "
Lorsqu'il ne trouvait pas de gibier, le lieutenant Navarre ne voulait
pas que son vol fût inutile. Au retour, il allait distraire les
poilus qui croupissaient dans les tranchées. Il avait pour eux
un véritable culte. Si on lui demandait pourquoi il ne tenait pas
le compte de ses victoires, il se contentait de répondre : "Est-ce
que les gars d'en bas le font ? Non ! alors serais-je plus qu'eux ?"
En rentrant de croisière, il aimait à leur donner des meetings.
Il y mettait tout son âme, recourant à la gamme complète
de sa virtuosité pour montrer à ces malheureux qu'il pensait
à eux et qu'il cherchait à les distraire comme il le pouvait.
"
Témoignage de E.
LOUIS, soldat au 25e B.C.P : "
Un jour, d'un trou d'obus, je vois un de nos avions aux prises avec 5
avions ennemis. Se rendant compte qu'il ne peut s'échapper, l'avions
français fonce soudain sur un de ses agresseurs et les deux avions
s'abattent en tournoyant entre les deux lignes. Se voyant perdu, notre
aviateur n'avait pas voulu mourir seul. "
Le 15 R.I., qui tient la position allant
de la station de Fleury au ravin des Fontaines, repousse également
une attaque grâce à ses mitrailleuses.
Dans la nuit, la 68e D.I. (206e, 212e,
234e et 344e R.I.) monte en ligne et prend position entre le ravin des
Vignes et le ravin des Fontaines.
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27 août
R.A.S.
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28 août
Le 346e R.I. toujours en position au nord du fortin du Chênois repousse
une attaque allemande.
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29 août
Le 102e R.I. monte en ligne dans le secteur de la Maison-Blanche.
Témoignage de Jules PIE, Sergent au 102e R.I. : "
Tant que nous sommes restés à Fleury, nous avons avancé
à la grenade, puis reculé sous les grenades, 10 mètres
un jour, 20 mètres un autre, et toujours de même. A plusieurs
reprises, les obus m'ont fait faire du vol plané dans les airs.
Un jour, j'ai vu un camarade qui a eu tout le dessus du crâne enlevé
par une explosion d'obus ; il avait le cerveau à l'air et il n'était
pas tué. "
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30 août
R.A.S. dans la journée.
Durant la nuit, la 7e D.I. (102e, 103e,
104e et 315e R.I.) remplace la 19e (48e, 70e, 71e et 270e R.I.) dans le
secteur de la Marguerite.
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31
août
R.A.S.
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Rive gauche
:
Durant le mois d'août, la situation se stabilise. Les combats sont
beaucoup moins violents et la majeur partie des manifestations ennemies
se bornent à des tirs de harcellement sur les lignes françaises.
Chaque armée en profite pour fortifier ses positions.
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