Les pertes humaines D'après l'historique : "
Le 21 février au matin, les 51e et 72e D.I. comptaient 533 officiers
et 26 000 hommes. Le 25 au matin, la 51e avait perdu 140 officiers et
6 256 hommes ; la 72e, 192 officiers et 9 636 hommes, soit au total 332
officiers et 15 892 hommes. C'est-à-dire que les pertes s'étaient
élevées à 62% pour les officiers, 61% pour la troupe
! "
Descendirent seuls, ce 22 février au soir, du bois des Caures en
petites fractions qui se rassemblèrent peu à peu à
Vaucheville : " Du 9 au 10 mars, le 17e a eu 125 tués et 360 blessés. Quand il est relevé dans la nuit du 10 mars, après 4 jours de combat, il a perdu au total en tués, blessés ou disparus : 26 officiers et 1 009 hommes. " " Trente brancardiers du 21e R.I. ont été tués ou blessés dans l'exercice de leurs fonctions du 4 au 13 mars " " Tous les combats du 4 au 8 avril ont coûté de grosses pertes à la 21e brigade ; 20 officiers et 800 hommes environ au 26e R.I., plus de 30 officiers et de 1 300 hommes au 69e. L'artillerie de campagne a tiré 120 000 coups pendant la nuit du 5 au 6 et la journée du 6. " " Le 122e, qui est relevé dans la nuit du 21 au 22 avril, a perdu 35 officiers et 998 hommes en 5 jours. " " Le 15 mai, à la 8e compagnie du 3e mixte Z.-T., il ne restait, le soir, que 19 hommes sur les 180 présents le matin. " " Le 1er tirailleurs est relevé dans la nuit du 19 au 20 mai après avoir perdu en 9 jours d'occupation 1 945 hommes et 33 officiers. " " Dans la nuit du 26 mai, les débris du 34e R.I. sont relevés et regagnent Verdun. Il a perdu en 3 jours de combat, 390 officiers dont 2 chefs de bataillon et 1 381 hommes. " Les effectifs du 1er juin sur le front de Verdun sont de 14 948 officiers et de 568 523 hommes de troupe. A la date du 20 juin, la 2e Armée compte 9 E.-M. de Corps d'Armée et 29 divisions représentant 15 842 officiers et 586 443 hommes de troupe. " " Nous étions 150 au départ des casernes Bévaux, le 1er juin ; quand nous sommes arrivés en ligne, sans avoir encore été mis en contact avec l'ennemi, il ne restait qu'une trentaine d'hommes à la compagnie. " " La 23e compagnie du 238e R.I. a tenu du 6 au 9 juin. Les pertes ont été cruelles. Sur 160 hommes et 3 officiers présents au moment de l'attaque, 22 hommes seulement sont restés non blessés aux mains de l'ennemi. Tous ont utilisé jusqu'à leur dernière grenade. Ils sont restés trois jours sans boire. Les deux lieutenants ont été grièvement blessés le 7 au matin. " " En 48 heures, les 9 et 10 juin, le 137e R.I. a perdu 37 officiers et 1 500 hommes. " "
Du 15 juin au petit jour jusqu'au 17 juin au soir, le total des pertes
est, pour la compagnie, de 67 hommes et de 800 à peu près
pour le régiment. Le 311e est littéralement fauché. " Le bataillon comptait au départ 18 officiers et 950 hommes. A l'appel fait le 22 juin, à 17 heures, au camp de la 50e Division allemande, il ne restait que 5 officiers valides et 4 blessés (j'étais de ces derniers), 170 hommes valides et 33 blessés. " " Sur un effectif de 1150 hommes le 23 juin au matin, le 121e B.C.P. a eu le soir, 561 tués, 260 blessés, 250 prisonniers pris, soit blessés, soit enfumés au fond de leurs abris. On peut donc dire que le 121e B.C.P. s'est entièrement sacrifié pour le salut de Verdun " "
le 106e R.I. est relevé dans le nuit du 25 au 26 juin ; en 2 jours
de combat, il a eu 224 tués dont 7 officiers, 644 blessés
dont 11 officiers, 82 disparus. " "
La ruée allemande sur Verdun du 23 au 27 juin a été
arrêtée, mais au prix de lourds sacrifices. " Quand le 217e sera relevé, après les combats du 11 juillet, il aura perdu 33 officiers et 1 300 hommes. " " Entre la prise du commandement par le général Nivelle et le 15 juillet lorsque s'achève la phase essentiellement défensive pour l'armée française, le bilan est de 86 000 blessés (1 131 par jour) et à 62 000 tués (815 par jour). " " Le 115e R.I. est relevé dans la nuit du 27 au 28 juillet ; il a perdu 24 officiers, dont 19 blessés, et 1 017 hommes tués ou blessés. Il était en ligne depuis le 13 juillet " " Le 41e R.I.C. a fait, dans les journées des 1er et 2 août, des pertes cruelles : 20 officiers et 1 196 hommes (dont 6 officiers et 610 hommes au compte du seul 65e B.T.S.). " "
En quelques jours de secteur (du 1 au 4 août), le vaillant 96e a
gagné, sur un front de 800 mètres, une profondeur de 1 000
mètres de terrain et a fait 500 prisonniers. Il a perdu 1 285 hommes
et 36 officiers. " " Dans la nuit du 6 au 7 août, le 10e R.I. est relevé. Il a perdu 29 officiers et 800 hommes, il a avancé d'un kilomètre, pris le station de Fleury, fait 532 prisonniers. Il a, de plus, repoussé cinq attaques et pas un mètre de terrain conquis par lui n'a été perdu. " " Dans la nuit du 9 au 10 août, la 134e R.I. est relevé : il a perdu 15 officiers et 700 hommes. " " Le 122e R.I. qui est relevé dans le nuit du 11 août, a perdu 35 officiers et 998 hommes. " "
Le 75e R.I. qui est relevé dans la nuit du 12 août, a perdu
685 hommes. " " Le 23 août, à 17 h 30, l'heure H Les hommes enthousiasmés par les belles préparations d'artillerie y vont de tout leur cur. A 18 heures, la crête est conquise. En tués et blessés, les pertes sont de 265 hommes. " " Le 346e est relevé dans la nuit du 8 au 9 septembre. Il a perdu 20 officiers et 794 hommes. " " Dans la seule attaque de Douaumont le 24 octobre, le R.I.C.M. a perdu 829 hommes et 23 officiers. " "
Au total, le 31 décembre 1916, après les offensives d'octobre
et de décembre, Verdun a coûté à l'armée
française environ 216 000 blessés et 162 000 tués
(et environ 140 000 soldats à l'armée allemande). "
Témoignage du soldat Romain DARCHY : "
L'orage passé, nous n'avons retrouvé dans une mare rouge
qu'une tête, quelques restes de membres au fond du trou d'obus et
des lambeaux sans noms plaqués contre la boue. C'est tout ce qu'il
restait de nos pauvres camarades. La violence de l'explosion les avait
enfoncés en pleine terre, trois étaient entrés presque
complètement dans les parois de la fosse, tassés comme des
chiffons.
Journée du 23 février 1916, bataille du fort de Douaumont. Témoignage de Ed. BOUGARD, soldat au 208e R.I. : " Nous attendons la mort qui plane au-dessus de nos têtes ; il est huit heures du soir ; une marmite tombe en plein dans la tranchée ; je roule par terre ; je n'ai rien. Par contre, une cervelle est sur ma capote ; je suis plein de sang des copains. Mon ami Béthouart a la bouche fendue jusqu'aux oreilles et mon pauvre camarade Jules Fontain, qui ne m'avait pas quitté depuis le début de la campagne, a les deux jambes coupées. Les blessés pouvant marcher se sauvent au poste de secours ; les mourants agonisent dans la tranchée. Quand ils sont morts, on les place au-dessus du parapet. "
Témoignage de Lucien LAURENT, sergent au 7/51 Génie : "
Une nuit, je dus aller de l'ouvrage de Damloup à la Laufée.
Je partis seul pour ne pas exposer quelqu'un d'autre avec moi car le canon
tonnait ferme. Journée du 5 juin 1916, bataille du fort de Vaux. Témoignage de Jacques FERRANDON, soldat au 321e R.I. : "
Le 5 juin, ma compagnie tenait, près du fort de Vaux, les abords
de l'entrée, tournée face à l'ennemi, qui était
plus particulièrement visée et constamment bombardée,
surtout par des gros calibres. Quatre hommes de ma section, dont le sergent
Lebas, sont allés se mettre à l'abri à l'entrée.
Un obus ayant éclaté à leurs pieds les a foudroyés
et a fait de leurs quatre corps mélangés un amas de chair
informe et méconnaissable, à tel point que le capitaine
Baumé, commandant la compagnie, pleurait comme un enfant devant
un pareil massacre.
Témoignage d'Alfred SCURMANN, soldat au 142e R.I. : " Des brancardiers, qui descendent du fort, emportant un blessé, sont balayés à 10 mètres de nous par l'éclatement d'un obus. Un peu plus loin, nous nous arrêtons devant une vingtaine de cadavres. Ce sont les mitrailleurs que nous suivions la veille à la sortie du tunnel. Ils sont là, étendus à côté de leurs pièces en morceaux, leurs boîtes à minutions éparpillées autour d'eux. Plusieurs ont été déjà tournés et retournés, fouillés et déchiquetés par les obus, et bientôt, de ces pauvres corps, il ne restera rien. "
Journée du 24 juin 1916. Lutte pour Froideterre. Témoignage de J.-B.-André CHAROY, soldat au 9e Génie, compagnie 6/1 : " En haut du tunnel de Tavannes, un spectacle horrible nous attend avec les premières lueurs de l'aube ; une section de mitrailleuses, peut-être plus, est là, anéantie, broyée sur une longueur de 50 mètres de boyau. Je reconnais l'uniforme bleu foncé des chasseurs à pied, l'écusson 26, je distingue les corps tourmentés, crispés dans d'affreuses convulsions, par endroits projetés les uns sur les autres ou massés par une commune terreur ; des flaques rouges et fraîches, des mitrailleuses tordues, fracassées Quelle atroce agonie ont-ils dû subir cette nuit sous le barrage allemand ? Je retiens à peine mes larmes et dans une prière fervente, je salue mes pauvres camarades ! "
Journée du 23 février 1916, bataille du fort de Douaumont. Témoignage de Ed. BOUGARD, soldat au 208e R.I. : " En avant de Beaumont, le 208e qui, le 22, a repoussé trois attaques allemandes, doit subir, toute la nuit et toute la matinée, un tir d'artillerie tellement vif que tout saute autour des tranchées. La fumée des éclatements est comme un brouillard. Les blessés agonisent sans soins ; ils sont trop. De tous les coureurs envoyés aux ordres, pas un ne revient. Les cartouches manquent, on prend celles des morts. A 8 heures du soir, un obus tombe en plein dans la tranchée, semant les blessés et les cadavres. Une cervelle est sur ma capote, je suis plein de sang des copains. Au fracas des obus, se joignent les plaintes des agonisants. La neige tombe, il fait très froid. On se bâtit un abri avec les cadavres. " Témoignage de X : " 2 Juin. Ce que je vois est affreux. Les cadavres sont légion ; ils ne se comptent plus ; on marche sur les morts. Des mains, des jambes, des têtes et des cuisses coupées émergent de la boue et on est contraint de patauger là-dedans, car c'est encore dans ce méchant fossé à moitié comblé par endroits qu'on peut espérer se dissimuler un peu. Ici, un soldat est tombé à genoux ; il bouche le passage ; on lui grimpe sur le dos pour avancer ; à force de passer sur lui, on a usé ses vêtements, on marche sur sa peau. " Mois d'avril 1916, attaque allemande sur les deux rives. Témoignage du capitaine R. LISBONNE du 154e R.I. : " A mes pieds un sergent que je ne reconnais pas, la colonne vertébrale brisée, crie qu'il ne sent plus ses jambes et ne cesse sa plainte lamentable : "Mon capitaine, achevez-moi ! prêtez-moi votre revolver !" J'étais monté le 13 avril avec 3 lieutenants, 2 adjudants et 200 hommes ; je redescends le 26, blessé, avec un adjudant et 53 soldats. " Témoignage de Gaston DEINDIS, brancardier 14e D.I. : "
Un soldat, dépouillé de tout vêtement, courait dans
la nuit, de-ci, de-là, au bois de la Caillette, sous les rafales
d'obus. Ils était devenu subitement fou et ne cessait d'appeler
sa mère. Journée du 6 juin 1916, bataille du fort de Vaux. Témoignage de Georges QUETIN, soldat au 298e R.I. : "
Le 216e d'infanterie est remonté en face du fort de Vaux au moment
de l'attaque.
Témoignage de Alfred BOURNELLE, agent de liaison au 26e R.I. : " J'ai vu des cadavres, genou en terre, arme à la main, sans blessure apparente, et qui, morts, semblaient attendre la venue de l'ennemi. " Témoignage d'Albéric HOUZIAUX, brancardier au 251e R.I. : " Nous avons mis nos morts dans une fosse commune creusée près de Chattancourt. Quelques jours après, la fosse avait disparu, car les Boches tiraient sans cesse sur le village et tous nos morts ont sauté en l'air et se sont éparpillés, un bras d'un côté, une jambe de l'autre. "
Témoignage de Ch. APPERT, soldat au 26e B.C.P. : " Je garderai toujours présent à la mémoire les monceaux de cadavres qui se trouvaient entassés près du P.C. du bataillon au bois Fumin. Il était absolument impossible de les enterrer. Pour qualifier l'odeur qu'ils dégageaient, aucune épithète ne peut convenir. "
Journée du 2 novembre 1916, reprise du fort de Vaux par les Français. Témoignage de J. CARAFRAY, brancardier au 118e R.I. : "
Le 2 novembre 1916, mon équipe est commandée pour aller
ramasser les blessés à la redoute de Vaux devant le fort.
Quel triste spectacle ! les trous d'obus sont si rapprochés qu'ils
se touchent. Dans chaque trou, un ou plusieurs cadavres, les uns sur le
dos, les autres sur le ventre. Quelques-uns fauchés dans une charge
à la baïonnette ont encore les mains crispées sur la
crosse de leur fusil. D'autres ont été assommés à
leur poste de mitrailleur. Partout des débris humains, des membres
déchiquetés. De la tranchée à demi nivelée
que nous suivons, sortent de-ci, de-là, un bras, une jambe, une
tête.
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